Lo govèrn qu’ei cadut : essagem lo federalisme ! Le gouvernement est tombé : essayons le fédéralisme !

Le parlement wallon de Namur (wikimedia commons , New Namur)

Que v’ac disem que hè ua pausa : la sola solucion qu’ei aleugerir lo poder centrau 

Nous le disons depuis longtemps : la seule solution c’est d’alléger le pouvoir central 

Que cau tirar drin de grèish au mamot coma ac disèva un ancian ministre socialista. Mes aquí lo mamot qu’ei l’Estat centrau. De segur que son paucs los deputats a prepausar de delegar ua partida deu poder a regions autonòmas, dab un poder legislatiu. Atau, quan i agi un psicodrama dens lo petit monde de París non serà pas tot los país qui pagarà la factura.

D’autes país europèus que viven en un sistèma federau e la Belgica per exemple que pòt víver mantuns mes shens govèrn centrau. A noste non hèm pas arren mei qualimentar lo parisianisme en seguir a la television aqueth maishant teatre.  Los qui creden que de cambiar la color deu poder centrau e cambiarà quauquarren que saunejan. Lo teatre politicomediatic parisenc que da endom a las ideas de l’extrema dreta. E qu’ei aquò lo perilh.

Mei de justícia sociau, mei de mejans entà lutar contra lo cambiament climatic, entà lutar contra las discriminacions : qu’ei a la portada d’ua politica mei pròcha deus territòris

Il faut dégraisser le mamouth comme le disait un ancien ministre socialiste. Mais là il s’agit de l’État central dans son ensemble. Bien sûr ils sont peu nombreux les députés à proposer de déléguer une partie du pouvoir à des régions autonomes, avec un pouvoir législatif. Ainsi quand il y aura un psychodrame dans le petit monde parisien tout le monde ne payera pas la facture.

D’autres pays européens vivent avec un système fédéral et la Belgique, par exemple, peut vivre des mois sans gouvernement central. Chez nous on ne fait qu’alimenter le parisianisme. Croire qu’un pouvoir central repeint avec d’autres couleurs changera quoi que ce soit est illusoire.

Toute ce théâtre ne fait qu’alimenter les arguments de l’extrême droite. Et c’est bien cela le danger.  

Plus de justice sociale, plus de moyens pour lutter contre le changement climatique, pour lutter contre les discriminations : c’est à la portée d’une politique plus proche des territoires

Emmanuel Grégoire et l’Abbé Macron 

Emmanuel Macron a déclaré le 14 novembre devant l’Académie Française, qui lui remettait la neuvième édition de son dictionnaire : « Notre nation a été constituée par l’État et par la langue. La langue a été le creuset de l’unité du pays. D’abord de ses textes administratifs, des lois et des jugements prononcés. Elle a été la fabrique d’une nation qui sinon, s’échappait entre ses langues vernaculaires, ses patois ses différentes langues régionales, qui pour nombre d’entre elles existent encore mais étaient un instrument, au fond, de division de la nation ».


J’ai d’abord pensé, M.le président de la République, qu’il s’agissait d’un canular fabriqué par ce que l’on appelle aujourd’hui « l’intelligence artificielle ». Une vidéo bidouillée si vous préferez.  Puis non c’est bien une déclaration authentique, produit de l’inintelligence. (1)

Cette déclaration en tant que président de la République devant l’Académie française, au cours de laquelle vous avez parlé de la langue française, semble être le produit d’une vision vieille de plus de 200 ans. On croyait avoir progressé depuis…mais non. Il est vrai que vous aviez déjà eu l’occasion de faire quelques sorties pittoresques sur le sujet depuis votre arrivée à l’Élysée.

J’ai cru, à vous écouter, entendre les condamnations à mort prononcées par l’Abbé Grégoire et par le député Barrère devant la Convention en 1794 ; ces deux là voulaient anéantir les «patois». Auraient-ils imaginé que leur propos auraient,  deux siècles plus tard, un héraut (2) aussi prestigieux que vous ? 

Barrère disait, en parlant de nos langues, qu’elles étaient des « jargons barbares »  et aussi des « idiomes grossiers qui ne peuvent plus servir que  les fanatiques et les contre-révolutionnaires ».

Grégoire avait, comme vous, réponse à tout à propos de sa volonté d’anéantir toutes les langues différentes du français ( il ne parlait pas de langues mais de patois comme vous). Il disait : « Je crois avoir établi que l’unité de l’idiôme est une partie intégrante de la révolution ; et dès-lors plus on m’opposera de difficultés, plus on me prouvera la nécessité d’opposer des moyens pour les combattre » En clair plus on me dira que je pourrais avoir tort plus je penserai que j’ai raison. Voilà qui était une démonstration éclatante de tolérance. La faites-vous vôtre ? .

 Barrère enfin enfonçait le clou et expliquait à propos de la suprématie de la langue française : « Il faut populariser la langue, il faut détruire cette aristocratie de langage qui semble établir une nation polie au milieu d’une nation barbare ». Il manquait un coup de marteau pour que le clou soit bien enfoncé…Vous avez su le donner. 

Vous auriez pu terminer —afin de flatter cette Académie qui n’a jamais manqué de dénoncer les langues dites régionales comme un danger— qu’il serait bon de penser à faire du français « la langue universelle ». Barrère le disait ainsi. Vous auriez fait un tabac, et cela au dépens de langues que votre politique condamne chaque jour un peu plus. Allons ! Ce sera pour la prochaine fois ! Parce qu’il devrait y avoir une prochaine fois si je me fie à ce qui pourrait apparaitre comme une contradiction dans  vos propos. Vous parlez de langues régionales qui « existent encore » et juste après vous dites qu’elles « étaient un instrument au fond de division de la nation ». Alors elles « existent encore »  ou « elles étaient »? 

C’est juste une question. Vous reste t-il du travail de destruction à faire ou en avez vous terminé ?

Si ça n’est pas terminé il faut s’attendre à de nouvelles déclarations de votre part ; ou peut-être une cérémonie pour fêter la mort de nos langues ?   

David Grosclaude

(1) Selon le dictionnaire de l’Académie Française, voici deux définitions 

Intelligence : Faculté de comprendre, de concevoir, de connaître, et notamment faculté de discerner ou d’établir des rapports entre des faits, des idées ou des formes pour parvenir à la connaissance.

Par métonymie. Connaissance approfondie, compréhension nette et facile qu’on a de quelque chose. Une parfaite intelligence d’un texte

Intintelligence : 

Manque de clairvoyance, de jugement dans telle ou telle circonstance de la vie. Montrer une complète inintelligence des affaires, de ses intérêts, de la situation.

(2) Toujours selon le même dictionnaire : héraut, officier, civil ou militaire, chargé de porter des messages importants, de faire des proclamations solennelles et de remplir diverses fonctions dans des cérémonies, des fêtes publiques, des tournois.

Photo : L’Académie Française (Ismael Zniber Wikimedia Commons )

Lo movement occitan en camin/Le mouvement occitan en chemin 9 novembre à Toulouse

Èstre occitanista en 2024. 9 de novembre Tolosa de 9h a 18H, 2 carrièra Sant Çubran

Toulouse Salle San Subra, 2 rue San Subra 9 h à 18h

Lo 9 de novembre vos prepausam de far un bilanç del camin fait pel movement occitan, jos totas sas formas. Nòstre objectiu es de donar la paraula als que fan d’accions ara en 2024.

Es a partir de 1980 que foguèron fargadas las aisinas màgers que foncionan uèi, que siá dins lo domèni de l’escòla, de la creacion culturala, dels mèdias, de l’edicion mas tanben de l’accion politica.

Abans, una generacion aviá preparat lo terrenh e aviá pausat las basas.

Puèi, per lo començar de las annadas 2000, se dubriguèt una etapa novèla e d’eveniments importants ajudèron al desvolopament del movement occitan. Se creèron d’aisinas novèlas e se desvolopèt un professionalisme dins de sectors divèrses.

Ara una generacion novèla a pres en man las operacions, a son biais. Cossí vei l’avenidor aquela generacion ? Quina concepcion de l’accion pòrta ? Ont ne sèm ? Quin camin es estat fait ? Quin camin demòra de far ?

Lo 9 de novembre vos convidam a participar a aquel punt d’etapa, a soscar a tot çò que foguèt realizat e veirem coma farem per contunhar lo trabalh començat, tots amassa.

Le mouvement occitan en chemin

Le 9 novembre nous vous proposons de faire un bilan du chemin parcouru par le mouvement occitan, sous toutes ses formes. Notre but est de donner la parole à ceux qui sont dans l’action aujourd’hui, en 2024.

C’est à partir de 1980 que furent créés les outils majeurs qui fonctionnent aujourd’hui, que ce soit dans le domaine de l’école, de la création culturelle, des médias, de l’édition et aussi de l’action politique.

Avant, une génération avait préparé le terrain et avait posé les bases.

Puis, au début des années 2000, une étape nouvelle s’est ouverte avec des événements importants qui aidèrent au développement de l’occitanisme. Des outils nouveaux sont apparus et du professionalisme s’est alors développé.

Aujourd’hui une génération nouvelle a pris les opérations en main, à sa façon.

Comment voit-elle l’avenir ? Quelle conception de l’action porte t-elle ? Où en sommes nous ? Quel chemin a été fait ? Quel chemin reste t-il à faire ?

Le 9 novembre nous vous invitons participer à ce point d’étape, à réféléchir à ce qui a été réalisé et surtout à voir comment, ensemble, nous continuerons le travail commencé.  

Une journée ouverte à toutes et tous

Catalonha : president « legal » e president « legitime »

Es pas de bon comprendre la situacion catalana après l’eleccion del socialista Salvador Illa coma president de la Generalitat de Catalonha. Es lo president legalament investit pel Parlament de Catalonha ; mas Carles Puigdemont, president destituït, passèt unas oras a Barcelona e i faguèt un discors devant milierats de partisans que lo veson coma lo president legitime.  

La jornada del 8 d’agost passat demorarà dins las memòrias catalanas coma una jornada atipica. Mentre que lo Parlament de Catalonha s’assemblava per elegir un president de la Generalitat, Carles Puigdemont lo president destituit en 2017 e exilhat dempuèi quasi sèt ans, tornava de faiçon clandestina a Barcelona per far un discors devant milierats de personas amassadas fàcia a l’arc de triomfe, al passeig Lluis Companys ; un nom mai que simbolic qu’es lo del president catalan, fusilhat per Franco en 1940, liurat per França qualques jorns abans.  

Puigdemont, elegit deputat de Catalonha al mes de mai passat anoncièt qualques jorns abans la convocacion del Parlament que tornariá a Barcelona per aquel debat d’investitura. Aquel retorn comportava lo risc d’èstre arrestat e mes en preson. Lo jutge Llarena, del Tribunal Suprème, refusant que s’aplique a Puigdemont la lei d’anamistia votada pels deputats espanhòls, la polícia aviá donc l’òrdre d’arrestar lo que se considèra coma lo president legitime de Catalonha.

Las fòtos son las de « La diada » del 11 de setembre de 2023. Lo 11 de setembre que ven aurà de segur una tonalitat un pauc diferenta (fòtos David Grosclaude)

L’eleccion de Salvador Illa èra prevista en rason d’un acòrd passat entre Esquèrra Republicana e los socialistas (veire mai luenh dins quinas condicions). Los partisans de Puigdemont, Junts per Catalonha, refusavan aquel acòrd e lo denonciavan, considerant que ERC abandonava lo projècte independentista. Fa de temps que la desunion entre independentistas es clara mas ara lo valat se fa mai pregond.

Una presa de paraula braca e desapareis

A 9h 30 del matin, devant milierats de personas, Carles Puigdemont denoncièt la situacion d’un país que vòta « leis d’anamistia que s’aplican pas ». Diguèt tanben que lo procèssus d’independéncia « s’acabarà sonque per l’independéncia ». Un còp fait son discors l’expresident desapareguèt, malgrat un dispositiu policièr important montat per la polícia catalana, sola abilitada a menar accions dins aquela situacion.
Puigdemont renoncièt donc a anar al Parlament de Catalonha considerant que l’anavan arrestar e metre en preson. La fugida de Puigdemont après son discors es ara l’objècte de polemicas. La justícia espanhòla vòl explicacions e suspècta d’unes policièrs catalans d’aver ajudat Puigdemont à s’escapar. « Una umiliacion insuportabla » çò denóncia la dreta espanhòla per la votz del cap del partit Popular Alberto Nunez Feijoo.

Illa per remplaçar Aragonés

Mentre que Puigdemont s’escapava malgrat lo dispositiu de mai de 600 policièrs, lo Parlament de Catalonha elegiva Salvador Illa (Partit Socialista de Catalonha) coma novèl president de la Generalitat per prendre la plaça de Pere Aragonés (Esquerra Republicana).

Los que pensavan de veire Puigdemont arribar al Parlament de Catalonha per l’arrestar foguèron decebuts. L’ancian president expliquèt dins una vidèo publicada dissbate, que se n’èra tornat en Belgica, a Waterloo, ont se tròba exilhat dempuèi d’annadas. Mas assegura que tornarà lèu.

Per aquò far calriá que lo poder judiciari apliquèsse a 100% la lei d’anmistia. Quitament se lo novèl president de la Generalitat Salvador Illa demanda l’aplicacion d’aquela lei d’anmistia dins son integralitat e lo respècte de las decisions legislativas (sens evocar lo cas Puigdemont de faiçon dirècte e clara), pel moment lo poder judiciari o vòl pas e lo jutge Llarena sembla far de Puigdemont l’enemic public N° 1.

Tot aquò dona un episòdi que marcarà la politica catalana per d’annadas. D’unes, e nombroses, considèran Carles Puigdemont coma lo president legitime, mentre que d’autres pensan que lo procès d’independéncia a fracassat e que cal passar a una autra etapa. De segur la relacions entre Junts e ERC son òrras. Pel moment, e las eleccions recentas o mòstran, ERC a pagat un prètz fòrt per son son actitud, en perdent un tèrç de sos deputats mentre que Puigdemont amb Junts es al Parlament de Catalonha la segonda fòrça politica sortida de las eleccions del mes de mai passat, darrièr los socialistas. Aquestes an subtilizat una partida dels vòtes d’ERC, una autra se n’es anada a Junts e d’autres enfin an causit de votar pas.

Acòrd entre ERC e socialistas

Es evident qu’aquel episòdi dona a Carles Puigdemont lo ròtle del que guarda lo projècte independentista. Las criticas faitas a ERC per l’acòrd passat amb los socialistas se podián ausir e legir al demèst dels que venguèron escotar Puigdemont. Es « L’acòrd de la vergonha » disián los que sostenon Puigdemont.

De son costat ERC considèra d’aver negociat son sosten al novèl president socialista de faiçon pragmatica en aver obtengut de Pedro Sanchez, lo primièr ministre del govèrn central, la decision de metre en plaça tre l’an que ven, un sistèma de finaçament de la Generalitat que seriá una copia de çò que se passa per Navarra e Euskadi.Aquò es una reivindicacion anciana. En clar son los catalans que deurián crubar totes los impòstes e versar al poder central la contribucion de Catalonha a l’esfòrç collectiu. Es una avançada que Pedro Sanchez considèra coma una etapa sul camin del federalisme. De mesuras en favor de la politica lingüistica son tanben previstas e tanben mesuras en favor de l’accès al lotjament. Seràn tengudas las promessas ? Es plan la question màger. Salvador Illa ditz que vòl trabalhar per aquò far.  Mes los partisans de Carles Puigdemont creson pas a las promessas de Madrid. E cal notar que lo govèrn de Pedro Sanchez es dependen, per sa majoritat a las Cortes, de totas las voses dels deputats indpendentistas, tanben los de Junts. Es donc una situacion mai que complicada que lo poder judiciari ajuda pas a simplificar pr’amor o vòl pas.

Le centralisme et le compromis

La vétusté des institutions et la maladie chronique qu’est le centralisme rendent impossible que s’impose l’idée du compromis qui est pourtant un élément constitutif de la démocratie

C’est un peu comme après le COVID ! Rien ne devait être comme avant, et pourtant ! Tout semble comme avant.

On se disait que, d’être passé si près de la catastrophe, le fameux adage « rien ne sera plus comme avant ! » serait bien compris et mis en application. Rien de tout ça ! Tout est bien comme avant !

Certes les commentaires sur la désuétude des règles instituées depuis 1958 vont bon train, mais en vain.

On disserte sur le fait que le président de la République est  maintenant hors-jeu, ou on fait semblant de le croire. On se dit qu’il va falloir faire des compromis mais le compromis ne peut exister quand on pense qu’il doit être fait par les autres.

Chacun reste sur ses positions, ses présupposés, ses préjugés et sa victoire. Oui parce que tout le monde a gagné ! Ou pour le moins personne n’a perdu autant qu’il aurait pu perdre.

On a même entendu parlé de la nécessité de mettre de la proportionnelle dans les rouages. Mais ne le dit-on pas régulièrement sans jamais le faire ?

Certains disent même que le résultat du deuxième tour de l’élection législative c’est déjà comme si on avait de la proportionnelle. Il faut vraiment n’avoir rien à dire pour laisser croire que ce résultat est une forme de proportionnelle spontanée.

Compromis et autonomies

Le thème « on a tout essayé alors on pourrait essayer ceux là ! » a eu bien du succès avant le premier tour et entre les deux tours.

Ce serait plutôt bien de reprendre ce thème, mais à propos des institutions.

Il y a en effet quelque chose que l’on a pas encore essayé : le fédéralisme. Un pouvoir qui ne serait pas limité à Paris et à ses environs. Cela permettrait de garder l’équilibre, de ne pas toujours être sur la corde raide.

Depuis le début de la séquence électorale (européennes et législatives) le grand gagnant c’est le centralisme. Il est présent, puissant, omnipotent que ce soit dans les médias ou dans les décisions politiques. Toutes les négociations pour la constitution des listes aux européennes, les négociations pour les candidatures  aux législatives dans le choix des candidats ont été menées par les responsables parisiens. A gauche comme à droite on pouvait entendre « c’est Paris qui décide ».  C’était la phrase qui servait d’excuse aux uns et aux autres pour justifier leurs renoncements.

Jamais le centralisme n’a été aussi puissant. Quelques médias (trois ou quatre) font l’actualité et font la notoriété de telle ou tel. La presse régionale joue un rôle secondaire et les politiques locaux sont au téléphone avec leurs responsables parisiens pour savoir quoi faire et quoi dire.

Quelques petites centaines de personnes (environ cinq mille, taille de la classe dominante en France qui se pare du mot « élites ») font la pluie et le beau temps. Ils sont dans les cercles du pouvoir législatif et exécutif, dans les médias et dans la haute administration. C’est ainsi que fonctionne la France de 2024, comme celle d’avant. Disons plutôt que c’est ainsi qu’elle a bien du mal à savoir comment elle pourra continuer à fonctionner.

La classe dominante a beau retourner le mot « compromis » dans tous les sens, elle n’arrive pas à savoir si elle en comprend le sens.

Selon certains ce ne serait pas possible en France même si c’est possible dans bon nombre de démocraties parlementaires d’Europe. Encore l’exception française !

Personne ne veut évoquer le fait que les démocraties qui connaissent le compromis sont aussi et surtout des pays fédéraux, avec des régions autonomes.

Et les autres, comment font ils ?

C’est en effet cette construction qui permet le compromis, même quand il est douloureux. Demandez à Pedro Sanchez en Espagne si c’est avec joie et bonheur qu’il doit gouverner et négocier avec des indépendantistes catalans ! Regardez comme le Parti Nationaliste Basque arrive toujours à trouver et négocier un compromis avec les socialistes (ou avec les autres)  pour rester au pouvoir en Euskadi en échange d’un soutien aux Cortes de Madrid. Quant aux allemands qui trouvent des compromis pour constituer un gouvernement fédéral il ne fait aucun doute que le poids du pouvoir des länder y est pour quelque chose. Et que dire de ces belges, que l’on raille, et qui purent passer 500 jours sans gouvernement fédéral. Pourtant le pays ne s’était pas effondré. Le pouvoir était partagé et donc la crise en était amortie. Faut-il parler des autres : Canada, Suisse… ?

Mais chez nous, pas de ça ! On veut tout régler à Paris et chaque crise devient une super crise dans une toute petite famille.   

Si le pouvoir central change de main, tout est donné au vainqueur. Et cette fois-ci on a eu chaud. Et si l’on continue comme ça nous aurons d’autres raisons d’avoir peur.

Crise institutionnelle

Alors, si l’idée de réformer les institutions arrive encore à se faire une place dans les débats actuels, il faut espérer que l’on arrivera à faire passer le message qu’il y a une chose que l’on a pas encore essayée et qui est le fédéralisme, forme de la démocratie qui est en vigueur dans un très grand nombre de pays. Parce que nous sommes dans une crise institutionnelle que l’on veut de toutes parts faire passer pour une crise qui ne serait qu’idéologique. Elle l’est aussi mais pas seulement. Les institutions nous disent aussi quelque chose ; et ce qu’elles disent aujourd’hui est inquiétant.

Mais peut-on espérer d’un centre hypertrophié, d’un centre qui n’a aucun intérêt à lâcher quoi que ce soit, que cette proposition de changement soit mise sur la table ? Peut-on espérer  d’une périphérie (classe politique et territoires confondus) biberonnés au centralisme et souvent soumis, que l’autonomie des territoires fasse partie des propositions qu’elle devrait être capable de faire ?  Ce sera difficile, compliqué. Mais notre devoir est de dire à ceux pour qui nous avons voté pour éviter le pire, qu’on ne refera pas du neuf avec des institutions vieillottes, désuètes. Si l’on veut que des électeurs, qui se sentent dessaisis des décisions qui les concernent, ne soient pas tentés « d’essayer » le centralisme dans les mains de l’extrême droite, proposons alors un pouvoir mieux réparti. Voter ne sera pas à chaque élection un drame pouvant se transformer en tragédie. L’existence de pouvoirs régionaux autonomes sera un moyen de créer de vrais pouvoirs d’équilibre, d’éviter la dramatisation. Il ne s’agit pas de contre pouvoirs mais bien d’équilibre. Ce sera, comme c’est le cas chez tous ceux qui pratiquent le fédéralisme, une façon d’amortir la violence des chocs.

C’est la panique quand on perd le pouvoir à Paris parce que l’on perd tout. C’est avec cette logique qu’il faut en finir.

David Grosclaude

*On ne prend pas assez la mesure du mal que fait le centralisme des médias parce qu’on y est habitué, que cela fait partie de notre culture politique et surtout de la façon dont deux ou trois générations ont été socialisées.