Et tout redevi(e)nt comme avant !
Et tout redevient comme avant !
Mais avant ce n’était ni bien ni mieux.
La pandémie de Coronavirus et surtout le premier confinement semblait avoir fait prendre conscience d’un certain nombre de fragilités de notre société et avait donné l’impression que les priorités ne seraient plus jamais les mêmes après la crise que ce qu’elles étaient avant. Le « monde d’après » comme l’on disait, serait différent.
Force est de constater qu’il n’est en rien différent et qu’au contraire tout redevient comme avant et encore plus, si l’on pouvait le dire ainsi.
Les instruments de mesure du bien-être n’ont pas changé et pourtant nous nous étions bien promis de ne plus faire les erreurs du passé.
Chacun disait avoir pris conscience, à la suite des confinements, que « l’avoir » était moins important que « l’être ».
Pourtant la croissance comme seul et unique élément de mesure de ce bien-être est revenue en force. Depuis quelques mois par exemple, l’idée d’un monde identique au précédent mais électrique au lieu d’être pétrolier, est l’idéologie à la mode.
Cela annonce le retour en force de la consommation de masse, du gaspillage énergétique entre autres. De la voiture à moteur thermique nous passerions sans difficulté à la voiture électrique et le tour serait joué. Jamais une telle propagande n’a été aussi forte, soutenue par des messages ainsi que par des aides financières n’ayant d’autre but que la remise sur les rails d’une industrie automobile en perte de vitesse.
Choisir la bonne voie
Ainsi on laisse croire que 9 milliards d’humains sur la planète demain, pourront allègrement reproduire la vie des six milliards d’hier, rien que par le miracle de l’électricité. C’est un leurre. Nous devons clairement dire que la civilisation de l’automobile telle que nous l’avons connue depuis 50 ans est morte et qu’elle ne peut être recopiée, même sous une forme électrique. Ce n’est pas un modèle viable. La question des déchets, du bilan carbone, du recyclage et de la ressource en matières premières reste posée, et cela de façon plus aigüe après la crise sanitaire qu’avant.
Nous devons inventer un autre modèle, basé sur la sobriété, la recherche du mieux et pas du plus.
La version enthousiaste et même naïve de la sortie de crise que l’on nous sert aujourd’hui ramène sur le devant de la scène des thèmes extrêmement sérieux tel celui de la prolongation du nucléaire. Pourtant les deux épisodes catastrophiques que sont Tchernobyl et Fukushima ne sont pas réglés à ce jour. A l’échèlle de l’histoire de l’humanité ils ont eu lieu hier et ne sont donc pas de l’histoire ancienne. Les tonnes de matériaux radioactifs dorment sous leur fragile sarcophage à Tchernobyl et des millions de mètres cube d’eau contaminée attendent une solution au Japon. Cela n’empêche pas les tenants de cette industrie de tout faire pour dire que sans nucléaire on ne pourra pas lutter contre le changement du climat. C’est faux. D’autres schémas existent.
Le nucléaire est un choix politique avant tout, un choix très lucratif aussi pour certains. Il participe à renvoyer dans le futur des problèmes pour lesquels nous n’avons pas la moindre solution (déchets) et à faire peser sur le présent un risque que nous pouvons évaluer mais que l’on cache, ou que l’on veut oublier.
De la même façon l’idée selon laquelle le e-commerce serait la panacée est un leurre. La frénésie de consommation peut être camouflée pendant quelques mois par cette nouvelle façon de consommer mais elle ne tardera pas à faire reapparaitre des problèmes connus et à faire apparaître des problèmes sociaux et environnementaux graves (salaires des travailleurs, circulation incontrôlée de marchandises, bilan carbone catastrophique, etc.).
D’autres thèmes méritent d’être traités en cette sortie de crise mais ils ne sont malheureusement pas dans les préoccupations de nos dirigeants, obsédés qu’ils sont par leur campagne présidentielle.
Quelques exemples parmi d’autres :
—la crise sanitaire et sa gestion nous ont montré les limites du système centralisé à la française ;
—le télétravail vendu comme une panacée pose un certain nombre de problèmes qui ne sont pas résolus ;
—l’éducation et l’enseignement par le numérique a donné des idées afin de réduire les moyens donnés à l’éducation et afin de réduire la place de l’humain dans la transmission des savoirs.
Le monde d’après
Le monde d’après, vu de cette façon, est un monde plus inégalitaire que celui d’avant. D’ailleurs durant la crise la richesse s’est concentrée encore un peu plus sur un nombre plus réduit de personnes et de pays.
De façon plus locale on constate en Occitanie (et dans d’autres régions) que cette sortie de crise apporte une autre crise : celle du logement. Le confinement a donné des envies d’achat de résidences secondaires à la partie la plus aisée de la population dans des zones qui sont déjà en situation immobilière tendue.
Il en résulte une difficulté de plus en plus grande de logement pour les jeunes et ceux qui ont de bas salaires. C’est sans parler du développement des pratiques de location touristique par des particuliers, location échappant à tout contrôle et à toute fiscalité.
Ce sera mieux demain…si on le décide
Une sortie de crise en se grisant d’une liberté retrouvée qui nous permettrait de goûter à nouveau aux plaisirs de l’hyper-consommation est une façon de se voiler la face. C’est un choix politique que nous ne partageons pas. Nos gouvernants semblent se contenter de cette situation parce qu’elle peut assurer leur réelection.
Il apparaît surtout qu’ils ne savent pas ou ne veulent pas apprendre à faire autrement.
Tout est reparti comme avant.
Le « c’était bien avant ! » n’est pas loin du « c’était mieux avant ! » dont on connaît les limites.
Cette attitude ne laisse rien présager de bon. C’est un constat que nous faisons. Très peu de leçons ont été tirées de la crise sanitaire qui semble se terminer. Les déclarations selon lesquelles nous aurions tous pris conscience de la crise écologique qui ne fait que comencer ne semblent pas avoir beaucoup de valeur. Il manque des actes et une volonté politique.
Les messages envoyés depuis près de trois ans par plusieurs groupes sociaux, de façon diverse et variée, ne sont pas entendus. Ces messages vont de l’abstention aux élections en passant par les manifestations de rue et jusqu’au refuge dans les théories complotistes. Certes les trois ne sont pas de même nature mais ils expriment un malaise.
Ce malaise crée une situation très favorable au développement d’idéologies simplistes, au repli identitaire nationaliste, au racisme, à l’égoïsme.