De la bataille perdue à celles qu’il faut gagner
Muret 1213 : Bastir 2014 ! s’organise pour gagner une bataille. Les municipales de mars prochain sont un enjeu pour les défenseurs et promoteurs de la langue et de la culture occitanes. Vous pouvez être candidats. Bastir n’est pas un parti. C’est un rassemblement pour un projet.
Je ne suis pas occitan d’origine. Je ne suis pas né en pays occitan. J’ai choisi de l’être. Cela me permet parfois de me poser un certain nombre de questions que des occitans natifs ne se poseraient peut-être pas. Par exemple, quand il s’agit de commémorer un événement historique comme on le fait cette année avec la bataille de Muret. Je suis certain que mes ancêtres n’eurent pas grand chose à voir avec cette affaire. Pourtant elle me concerne parce que c’est un événement qui appartient à tous, occitan ou pas. Ce fut un épisode majeur d’une guerre injuste, dont les buts n’étaient pas avoués, comme beaucoup de guerres d’ailleurs.
Je m’approprie donc cet événement comme je m’approprie la langue de ce pays qui ne m’a pas vu naître.
Commémorer ce n’est pas avoir la nostalgie d’un espace occitano-catalan qui aurait pu voir le jour et être un État occitano-catalan. C’est simplement prendre ses distances avec les realités d’aujourd’hui que l’on croit parfois être des vérités eternelles.
Je prends prétexte de cette commémoration pour interroger les occitans et surtout les occitanistes sur un autre sujet. J’entends par « occitanistes » les occitans qui savent ce qu’est l’Occitanie, avec sa langue, sa culture, son histoire, sa géographie, ses comportements politiques spécifiques, sa façon de voir le monde… J’y englobe tous ceux qui, de près ou de loin, sont touchés par le sort qui est fait à la langue et à la culture du territoire où ils vivent.
Certes ils ne sont pas tous dans un même parti, dans une même association. Ils ne se manifestent pas tous de la même façon, mais dans leur diversité ils savent parfois se rassembler. Ce fut le cas l’an dernier à Toulouse et plusieurs fois depuis 2005
Mais alors pourquoi laissent ils l’espace public et surtout l’espace institutionnel aussi vide ?
C’est la question que je me posai il y a quelques années après une longue période d’activité militante culturelle et associative. J’ai fini par penser que finalement, pour être efficace et cohérent il serait peut être bien de prendre des responsabilités que certains qualifient de politiques.
Être élu pour participer au débat sur la façon de mener les affaires publiques : voilà une idée plutôt banale quand on est dans un mouvement qui arrive à rassembler des milliers de personnes.
Pas si banale que cela si l’on en croit la timidité dont les occitanistes (et je remonte jusqu’à plus de 150 ans en arrière) ont toujours fait montre lorsqu’il s’est agi de faire entrer leurs demandes dans le débat public. Ce n’est pourtant pas par manque de dynamisme, puisqu’il existe un milieu associatif culturel d’une grande vitalité. Mais il s’arrête trop souvent à la porte de ce qu’il appelle « la politique ». C’est un domaine qui semble réservé à ceux qui parlent le langage dominant (je ne dis pas la langue, mais le langage). Avons nous intégré à ce point l’idée que colportent les plus durs de nos détracteurs, à savoir que tout cela c’est du folklore et que ce n’est pas sérieux ? Sommes-nous soumis à un message subliminal qui fait que finalement on accepte de se taire et de laisser toute la décision à d’autres ? Nos détracteurs sont ils parvenus à nous inculquer l’idée que notre combat manque de légitimité ? Dans une enceinte où l’on discute des affaires de la cité on ne pourrait pas y apporter son combat pour un territoire, sa langue, sa culture ?
Ou alors, faire de la politique serait une façon gâcher et salir ce combat? Ce dernier ne serait-il noble et pur qu’en restant aux portes des assemblées ?
En quoi le président d’une association qui a créé une école en occitan, une radio, une maison d’édition, un festival, une entreprise culturelle serait il moins légitime qu’un président de club de foot, de rugby ou d’association de chasseurs qui se fait élire grâce à la notoriété tirée de son activité ?
Certains me diront que c’est une question d’envie. Ils préfèrent rester « dans le culturel » ou « dans l’associatif » plutôt que de rentrer dans « le politique ». Mais c’est justement la question ; pourquoi fuir le domaine de la décision pour rester dans un lieu où l’on croit être à l’abri. A l’abri de quoi d’ailleurs ? De ce que l’on appelait autrefois la « récupération » ? Mais la société n’avance qu’en récupérant des idées minoritaires pour en faire des projets pour tous. Alors qu’attendons nous ?
Refuser d’investir les lieux de décision de la démocratie ne peut pas non plus se justifier par des questions d’efficacité. Il suffit d’entendre combien le mouvement associatif souffre d’être mal aidé, mal écouté. Il lui faut donc des oreilles attentives dans les lieux de décision. Et pour cela il n’y a rien de mieux que de faire entrer dans ces lieux des gens qui connaissent le sujet.
Vient l’argument de la compétence. Je réponds que les occitanistes sont compétents dans leur domaine et que ce domaine doit être légitimement traité dans la sphère publique. Je rajoute que personne ne peut être compétent en tout et que c’est ainsi que fonctionne la démocratie. On élit des citoyens ; on n’embauche pas des techniciens.
Puis j’entends aussi qu’être élu c’est avoir à décider sur beaucoup de sujets pour lesquels être occitaniste ne permet pas d’avoir une opinion ou une vision particulière. Mais c’est vrai pour tous les élus. Ils viennent tous de quelque part avec leurs lacunes et leurs préjugés. Mais chacun de nous à un point de vue qui lui permet de se forger une opinion sur telle ou telle question.
Et être occitaniste c’est avoir un point de vue sur bien des sujets. Par exemple sur l’école, la façon d’animer un territoire, de s’y déplacer, d’y produire, d’y vendre, d’y manger, d’y accueillir ; et j’en oublie.
Alors qu’attendons nous pour faire valoir ce point de vue ? De faire l’unanimité, d’être tous d’accord ? Engageons le débat et faisons en sorte que la société prenne en charge une partie de nos projets pour en faire une politique publique.
A ce stade arrive le dernier argument qui est celui de la disponibilité. Sur ce sujet bon nombre de responsables associatifs travaillent et se dévouent plus que bien des élus. Je l’ai vu, je l’ai vécu et je connais des militants associatifs qui, gratuitement, chaque jour, et sans attendre rien en retour, font de l’occitanisme culturel ( ou qualifié ainsi).
Ils apportent à la société des éléments dont elle a besoin. Il sont tout aussi légitimes que bien d’autres pour participer aux décisions dans les institutions publiques. Ils y seront efficaces pour ce à quoi ils croient.
Qu’ils fassent le pas ! On a besoin d’eux dans les municipalités petites, moyennes ou grandes. Et ce n’est pas une affaire de partis, de carte à prendre. Nous avons lancé la dynamique Bastir 2014 ! pour permettre à chacun de se sentir libre, dans un collectif qui permet de parler plus fort.
Il nous faut des élus occitanistes, dans les petites, moyennes et grandes communes. En sortira un groupe d’élus organisés, capable de parler, d’échanger, de porter des projets. Il faut qu’ils soient les plus nombreux possible.
Nous en parlerons samedi 14 septembre à Muret pour la réunion du comité de pilotage de Bastir 2014 !
Il y a déjà des candidats. Il en faut plus et partout.
On peut commémorer une bataille perdue à Muret tout en se préparant a en gagner d’autres.
David Grosclaude
Pour rejoindre Bastir 2014 ! information sur : http://www.bastir2014.com
De la batalha perduda dinc a las qui cau ganhar
Murèth 1213 : Bastir 2014 ! s’organiza entà ganhar ua batalha. Las municipalas deu mes de març qui arriba que son un enjòc taus qui defenden e promòven la lenga e la cultura occitanas. Que podetz estar candidats. Bastir ! n’ei pas un partit. Que son monde qui s’amassan en favor d’un projècte.
Non soi pas occitan de soca. Non soi pas vadut en país occitan. Qu’èi causit de n’estar. Còps que i a, que’m permet de’m pausar quauques questions qu’occitans natius no’s pausarén benlhèu pas.
Per exemple qu’ei lo cas quan s’ageish de commemorar un eveniment istoric com ac hèm augan dab la batalha de Murèth. Que soi segur que los mens ajòus n’avón pas gran causa a véder dab aqueth ahar. Totun que’m tòca pr’amor qu’ei un eveniment qui ei de tots, occitan o pas. Qu’estó un episòdi deus màgers dens ua guèrra injusta, qui non disèva pas los sons objectius, com hòrt de guèrra.
Que hèi men aqueth eveniment com èi hèit mea la lenga d’aqueth país qui non m’a pas vist à néisher.
Commemorar n’ei pas aver la nostalgia d’un espaci occitano-catalan qui seré podut estar un Estat occitano-catalan. Qu’ei préner quauques distàncias dab las realitats de uei qui credem vertats eternaus.
Que preni lo pretèxte de la commemoracion de Murèth entà interrogar los occitans e prumèr los occitanistas sus un aute subjècte. Qu’enteni per « occitanistas » los occitans qui saben çò qu’ei l’Occitania dab la soa lenga, la soa istòria, la soa cultura, la soa geografia, los sons comportaments politics especifics, lo son biaish de véder lo monde…Que i mescli tots los qui, haut o baish, son tocats peu sòrt hèit a la lenga e a la cultura deu territòri on viven.
Solide, non son pas tots en un medsih partit, en ua medisha associacion. No’s manifèstan pas tots de la medisha faiçon, mes en la lor diversitat, a còps, que’s saben amassar. Qu’estó atau en 2012 a Tolosa e mantuns còps per las annadas passadas.
Mes alavetz perqué e dèishan l’espaci public e sustot l’espaci institucionau autan vueit ? Qu’ei la question qui’m pausèi quauques annadas a. Après un long periòde d’activitat militanta culturau e associativa qu’acabèi per pensar que, finalament, entà estar eficaç e coërent, que seré benlhèu plan de préner responsabilitats que daubuns qualifican de politicas.
Estar elegit entà participar au debat sus la faiçon de miar los ahars publics. Qu’ei ua idèa meilèu ordinària per qui ei dens un movement qui a la capacitat d’amassar milierats de personas. Pas tant ordinària dilhèu quan vedem la gran timiditat manifestada peus occitanistas ( e que torni dinc a 150 ans a l’endarrèr) entà har entrar las lors demandas dens lo debat public. N’ei pas de segur per manca de dinamisme pr’amor qu’existeish un monde associatiu culturau d’ua vitalitat de las granas. Mes que s’arrèsta tròp sovent a la pòrta de çò qui apèran « la politica ».
Qu’ei un maine qui sembla reservat aus qui parlan lo lengatge dominant ( que parli de lengatge e pas de lenga). Avem integrat a aqueth punt l’idèa qui carrejan los mei ahuecats deus nostes opausants, a saber que tot aquò n’ei pas arren mei que folclòre e que n’ei pas seriós ? E serem atau sosmetuts a un messatge subliminau qui hè que, a la fin de tot, que serem dispausats a’ns carar e a deishar tota la decision a d’autes ? Los nostes detractors serén arribats a har entrar en los nostes caps l’idea que lo noste combat manca de legitimitat ? En un ostau on se debaten los ahars de la ciutat quauqu’un non i poderé pas portar lo son combat per un territòri, la soa lenga e la soa cultura ?
O alavetz, har politica e seré guastar e empipautir aqueth combat ? Aqueste que seré nòble e natre sonque en demorar a las pòrtas de las assembladas ?
Perqué un president d’ua associacion qui a creat ua escòla en occitan, ua ràdio, un ostau d’edicion, un hestenau, ua enterpresa culturau e seré mensh legitime qu’un president d’un club de fotbòl, de rugbi o d’associacion de caçaires qui’s hè elegir gràcias a la notorietat tirada de la soa activitat ?
De que n’i a qui’m diseràn qu’ei ua question d’enveja. Que s’estiman mei demorar « dens çò de culturau » o « dens çò d’associatiu » meilèu que d’entrar « dens çò de politic ». Mes justament qu’ei la question ; perqué huéger lo terrenh de la decision entà demorar dens un lòc on i a l’illusion d’estar a l’acès. A l’acès de qué justament ? De çò qu’aperavan la « recuperacion » un còp èra ? Mes la societat qu’avança sonque en recuperar idèas minoritàrias e en seguida tà’n har projèctes entà tots. Alavetz qu’esperam ?
Arrefusar d’entrar dens los lòcs de la decision democratica no’s pòt pas justificar tanpauc per rasons d’eficacitat. Que sufeish d’enténer quin lo movement associatiu e pateish d’estar mau ajudat, mau escotat. Qu’a besonh aurelhas qui l’escotan en los lòcs de decision. E tà aquò har non i a pas arren de miélher que de har entrar en aqueth lòcs personas qui coneishen lo subjècte.
Qu’arriba alavetz l’argument de la competéncia. Que responi : los occitanistas son competents en lo lor maine. Aqueth maine que dèu estar tractat legitimament en l’esfèra publica. Que horneishi que non coneishi pas monde qui sian competents en tot e qu’ei atau que fonciona la democracia. Las eleccions que permeten d’aver elegits mes n’ei pas l’embaucha de tecnicians.
Qu’enteni tanben l’argument segon loquau d’estar elegit qu’ei d’aver a decidir sus hòrt de tèmas diferents e que d’estar occitanista non permet pas d’aver ua opinion o ua vista particulara sus tot aquò. Mes qu’ei vertat de tots los elegits. N’arriban pas d’un monde a despart ; que vienen dab las lors igonràncias, los lors prejutjats. Cadun de nosautes qu’a un punt de vista qui’u permet de’s har ua opinion sus tau o tau question.
E d’estar occitanista qu’ei aver un punt de vista sur hòrt de subjèctes de natura diferenta ; per exemple sus l’escòla, lo biaish d’animar un territòri, de s’i desplaçar, de i produsir, de i véner, de i minjar, de i arcuélher ; e que me’n desbrombi de segur. Alavetz quant de temps e vam esperar entà har vàler aqueth punt de vista ? Qu’esperam l’unanimitat ! Que cau prumèr estar tots d’acòrd ? N’avem pas lo temps.
Aviem lo debat e hèm çò qui cau entà que la societat prenga en carga ua partida deus nostes projèctes entà ne har ua politica publica.
A aqueth moment qu’arriba lo darrèr deus arguments qui ei lo de la disponibilitat. Sur aquera question hòrt de responsables associatius que tribalhan e que’s devoan mei que hòrt d’elegits. Qu’ac èi vist, qu’ac èi viscut e que coneishi militants associatius qui, a gratis, cada dia ,e shens esperar arren en escambi, hèn occitanisme culturau ( o qualificat atau ).
Que pòrtan a la societat elements qui li hèn besonh. Que son tan legitimes com d’autes entà participar a las decisions dens las institucions publicas. Que i seràn mei eficaç entà har avançar çò en que creden.
Que sauten lo pas ! Que’us avem besonh dens las municipalitats petitas, mejanas e granas. E n’ei pas un ahar de partits politics, de carta a préner. Qu’avem lançat la dinamica Bastir 2014 ! entà perméter a tot cadun de’s sentir libre dens un collectiu qui permet de parlar mei hòrt .
Que hè necèra d’aver occitanistas dens las petitas, mejans e granas comunas. Que’n sortirà un grop d’elegits organizats, capable de parlar, d’escambiar, de portar projèctes. Que cau que sian lo mei nombrós qui’s posca.
Que’n parlaram lo dissabte 14 de seteme a Murèth au parat de la reüinon deu comitat de pilotatge de Bastir 2014 ! Que i a dejà candidats mes que’n cau mei e pertot !
Que podem commemorar ua batalha perduda en tot se preparar a ne ganhar d’autas.
David Grosclaude
Entà contactar e participar a Bastir 2014 ! informacions sus http://www.bastir2014.com