Petit voyage chez les « dingues» / viatjòt en çò deus tocats, deus calucs, destimborlats e autes desvaratats
Certains d’entre vous m’ont envoyé leurs lettres de « dingues » destinées à ce parlementaire distributeur de bon-points citoyens et semble t-il expert en maladies mentales. Il a choisi l’insulte sur son blog (« Langues régionales : bienvenue chez les…dingues »).Vous avez souvent choisi l’ironie et l’humour pour lui répondre.
Je vous propose quelques extraits de ces lettres ainsi que d’autres envoyées à des députés. Pardon de ne pas les citer toutes parce qu’elles sont nombreuses.
Je n’ai pas laissé la signature complète, n’ayant pas le temps de demander à chacun s’il accepte cette publication. Je me suis contenté de laisser des initiales.
Que s’ac valèva totun de publicar quauques extrèits entà har véder que l’indignacion ei grana.
N’agitz pas paur de contunhar a escríver. Que cau obtiéner explicacions de las claras e véder se los representants deu pòble accèptan de reconéisher que la màger part d’eths n’èran pas on calèva quan calèva ! E que vau per l’esquèrra com per la dreta !

Monsieur le Parlementaire,
J’ai découvert, à l’instant, l’article paru dans votre blog concernant les défenseurs des langues dites régionales(…) et je vous fais l’aveu que j’en ai été choqué, et même blessé.
L’écrivain d’expression occitane et française qui vous écrit aujourd’hui, se voit ainsi, par vos soins, interné d’office dans son réduit linguistique, puisque j’y suis, comme des milliers de citoyens français, déclaré fou.
Je dis bien, fou !
En effet, vous y employez le mot « dingues » (1) qui caractérise, ce me semble, tous ceux qui ont reçu de leurs parents, de leurs grand-parents, de leur entourage, de l’école de la République ou associative et laïque, ces langues que vous expulsez illico hors de la République ; république dont vous semblez ignorer presque tout.
Je veux vous dire que les régimes totalitaires ont toujours eu leurs « fous » à interner ou à « éliminer ». Prenez, par exemple, « Le Pavillon des cancéreux», chef d’œuvre d’Alexandre Soljenitsyne, qui nous dit combien la terreur totalitaire et stalinienne, en l’occurrence, peut être aussi « psychiatrique » (…)
Une dernière suggestion : peut-être pourriez-vous demander que tous les bilingues de France et de Navarre, soient déchus de leur nationalité, vu qu’à vos yeux, eu égard à leur « folie linguistique », ils ne peuvent plus assumer leurs droits et devoirs que leur octroie généreusement leur citoyenneté française ?
Je vous prie de croire, monsieur le Parlementaire, à l’assurance de mes sentiments républicains.
SJ
(1) – Le Dictionnaire historique de la Langue Française, sous la direction d’Alain Rey, éd. Robert, Mars 2001, en dit ceci : « Quant à « dingue » adj. et n., attesté depuis 1916 chez Barbusse, il s’agit probablement d’un dérivé régressif de dinguer : on a proposé une évolution sémantique menant l’idée d’ « aller de-ci, de-là » à celle de « divaguer », être « fou » ou encore, selon P. Guiraud, un développement à partir de l’idée originelle de « sonner les cloches » (cf. développement analogue de timbré, piqué, sonné).
Monsieur le député
En dehors du fait du faible nombre de députés présents, ce qui montre le désintérêt, voire le mépris des élus de la République pour les citoyens attachés à la diversité linguistique, quelle n’a pas été ma surprise en voyant que parmi les députés qui ont voté contre, figurait Pascal Terrasse, député de ma circonscription.
Et là, j’avoue que je ne comprends pas.
Je croyais que vous étiez un défenseur de la langue occitane et j’apprends que par votre vote vous avez empêché le passage de cette proposition de loi. Qu’en est-il de votre crédibilité ?
Certaines informations laissent entendre qu’aucune consultation des députés absents n’a été faite avant ce vote et que le règlement de l’Assemblée Nationale permet cette procédure.
Comment ne voyez-vous pas que cette façon de faire puisse être choquante et que les citoyens la considèrent comme un manque de respect dans cette période où la démocratie est fragilisée.
GB
Lors de la séance du jeudi 14 janvier à l’Assemblée Nationale avait lieu un débat sur une proposition de loi concernant les langues régionales. Celle-ci a été rejetée par 14 voix contre et 13 voix pour.(…)Nombre de citoyens sont très attachés à la richesse linguistique de notre république et à l’esprit de tolérance qu’implique notre démocratie. Nombre de citoyens de ce département sont attachés à l’occitan.
Je me permets donc de vous demander quelles mesures vous comptez prendre pour que ce texte soit remis à l’ordre du jour de l’assemblée. C’est indispensable pour la préservation de notre richesse culturelle et nos spécificités linguistiques.
En esperant vòstra responsa, vos pregui de creire, dòna deputada, senher deputat, a las mias salutacions occitanistas.
D C POC
Monsieur le Député ;
au nom quoi vous permettez-vous d’empêcher, depuis le Kremlin-Bicêtre, qu’on enseigne sérieusement l’occitan en Pays d’oc ou le breton en Bretagne… Que savez vous de ces langues, de ceux qui les parlent et les font vivre et pourquoi tenez-vous à les éradiquer ?
Et pourquoi ajouter l’insulte(« les dingues ») au mépris… et vous glorifier du tout ?
Je n’imagine pas d’autre explication que l’ignorance et la complaisance à la cultiver.
Avec accablement
P S
Bonjour M. Jean-Luc LAURENT,
C’est en tant que ”dingue” que je vous écris. Pour vous demander ce qui justifie un tel mépris envers les français bilingues de votre pays.
Il n’y a peut-être pas de langue régionale dans votre département, ce qui explique votre ignorance, mais ne la justifie pas quand on prétend siéger à l’Assemblée Nationale.
Depuis quand les langues régionales sont-elles un danger pour la France ? Depuis quand les occitanistes, les bretons, les alsaciens demandent-ils leur indépendance ? Peut-être souhaitez-vous nous réserver les mêmes dispositions constitutionnelles que celles que prépare le gouvernement envers les binationaux ? Serions-nous des terroristes en germe ?
Comment osez-vous faire un tri entre les langues ”utiles” telles « l’italien, le coréen” (sic) et inutiles telles « le gallo ou le basque” ? C’est au nom d’arguments comme les vôtres que l’anglais prend en France le pas sur l’enseignement de toute autre langue. L’allemand, l’espagnol ou l’italien sont inutiles !
C’est aussi ce qui se passe dans le monde au détriment du… français ! Eh oui, Monsieur LAURENT, à quoi bon apprendre le français ? Ça sert à quoi dans notre monde globalisé anglophone ? Là, je suis sûr que vous saurez trouver des arguments qui ressembleront étrangement à ceux que les défenseurs des langues minoritaires de France utilisent. Surprenant, non ?
Je vous quitte en vous disant ”Adishatz » (”Adieu” ou ”Au revoir » en Béarnais, l’occitan de Gascogne). Vous aurez au moins appris quelque chose aujourd’hui.
Pas très cordialement, mais cependant sans mépris.
J-P M
Madame la députée de la Haute-Garonne,
Monsieur le député de la Haute-Garonne,
Lors de la séance du jeudi 14 janvier à l’Assemblée Nationale avait lieu un débat sur une proposition de loi concernant les langues régionales. Celle-ci a été rejetée par 14 voix contre et 13 voix pour.
Cette loi permettait pourtant d’acter la reconnaissance des langues régionales dans la continuité de la constitution (75-1) : « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France » et de l’adoption de la convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’Unesco.
Nombre de citoyens sont très attachés à la richesse linguistique de notre république et à l’esprit de tolérance qu’implique notre démocratie. Nombre de citoyens de ce département sont attachés à l’occitan.
Le résultat de ce vote est attristant pour notre pays. Il y avait dans ce texte très consensuel et réaliste des propositions qui auraient du alimenter votre réflexion et donner lieu à une proposition de loi.
Je me permets donc de vous demander quelles mesures vous comptez prendre pour que ce texte soit remis à l’ordre du jour de l’assemblée. C’est indispensable pour la préservation de notre richesse culturelle et nos spécificités linguistiques.
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Madame la députée, Monsieur le député, l’expression de mes sentiments respectueux.
En esperant vòstra responsa, vos pregui de creire, dòna deputada, senher deputat, a las mias salutacions occitanistas.
G L P Oc – Tolosa
Monsieur,
je m’apprêtais à vous contacter pour vous dire toute ma tristesse face à votre opposition à loi sur l’enseignement immersif des langues régionales et leur promotion dans l’espace public et audiovisuel.
Un regard sur votre blog m’a bien fait comprendre que pour vous je ne suis digne d’aucun intérêt. Votre mépris m’écoeure. Apprendre que vous préférez mettre des euros sur les langues étrangères plutôt que sur nos langues n’est pas à la hauteur d’un républicain. Sachant que moi, je paye des impôts et que je tiens à ce que cet argent soit dépensé pour les langues française, occitane, basque et bretonne.
Vous ne serez pas surpris d’apprendre que vous et votre parti ne pourrez plus compter sur mon suffrage, en aucune circonstance. Vous pourrez même me compter parmi vos adversaires.
Je réserve mes salutations républicaines aux républicains.
E I
Monsieur le Président,
Je tiens à vous faire part de mon profond regret et de ma tristesse de voir comment se font et se défont les débats à l’Assemblée Nationale sur le sujet des langues dites régionales.
Du temps où j’étais professeur à la Sorbonne, j’ai mainte fois fait visiter le siège du Parlement à des élèves du monde entier qui souhaitaient voir le symbole d’une démocratie reconnue et respectée. Je dois vous avouer que, depuis, il m’arrive assez souvent d’avoir honte d’être française. C’est à nouveau le cas en apprenant comment on bafoue si facilement le Droit des Peuples. « Dis-moi de quoi tu te vantes et je te dirai ce qui te manque » dit le proverbe.
Comment comptez-vous, Monsieur le Président, nous faire oublier cet affront à la démocratie?
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes meilleurs sentiments.
M-J M
Je suis un dingue !
Je viens de lire sur votre site votre article sur le débat de jeudi soir à l’Assemblée à propos des Langues Régionales.
Là où vous estimez “Sauver la Patrie” je ne vois qu’un combat d’arrière garde, débile (au sens premier, c’est à dire faible, déficient) au vu de l’humanité et de l’intelligence collective. Que vous soyez monolingue, handicapé de la communication, n’est pas, si vous vous soigniez un handicap. Que vous ne compreniez pas la richesse du plurilinguisme vous met en tête de ces étroits d’esprits qui cautionnaient et cautionnent la colonisation.
Les richesses des diversités linguistiques, les atouts pour l’enseignement, les avancées des données en neuro-psychologie et neuro-linguistique mettent en évidence vos lacunes et votre incompétence en la matière. Gaussez vous de faire rempart à l’éclatement de la République que constituerait la reconnaissance de ces langues (au delà de l’acceptation dans la sphère privée telle que vous l’évoquez, et heureusement, car pour ce qui est de l’enseignement que vous évoquez, vous méconnaissez totalement la réalité et les difficultés de celui-ci).
Comment imaginez-vous construire une société plurielle telle que nous la vivons, si vous ne pouvez connaitre cette diversité interne.
A votre “ein reich ein volk ein speech”, je préfère pour la richesse de la France et la de la République, la reconnaissance de ses diversités et la bienveillance qui amène l’intelligence du vivre ensemble, riches et fortes de ses différences.
J-M E