L’Aquitània de doman en discussion / L’Aquitaine de demain en discussion

Après un debat on los grops an podut parlar de la refòrma en cors e de la fusion a viéner de las tres regions Aquitània, Peitau-Charantas, Lemosin, la ministra Marylise Lebranchu qu’a parlat devant los conselhèrs regionaus d’Aquitània.
Las criticas sus la lei qu’estón nombrosas com per exemple lo hèit que d’aver retalhat las regions abans d’aver parlat de las competéncias.
Mes tot aquò èra dejà estat dit publicament au mes de junh, quan se debanè la prumèra amassada deu Conselh regionau sus la reforma. Qu’avoi lo parat de m’exprimir de faiçon clara sus aquera question e que podoi díser au nom deu men grop la necessitat de’s virar cap au federalisme.
Aqueste matin que soi interviengut entà díser las medishas causas en mei brac e qu’aprofieitèi la preséncia de la ministra tà pausar ua question sus l’actitud de l’Estat.

Que m’a responut : « Les services de l’Etat vont être obligés de se réorganiser. Si on ne le fait pas on aura pas réussi ». Qu’a ajustat a prepaus de la fiscalitat : « Le débat sur les compétences est maintenant quasiment bouclé il va falloir ouvrir le chantier sur les ressources et évoquer la fiscalité des régions » .

Que vederam plan se quauquarren avança ?!!!

Intervention Plenière David Grosclaude
26 janvier 2015

 
Madame la ministre

Monsieur le président

mes chers collègues

Je pensais que par cette réforme nous allions aussi parler d’Europe, je croyais qu’il fallait penser Europe ! Je le regrette mais cette dimension européenne était absente de nos débats ce matin.?
Depuis quelques semaines, nous n’avons que des analyses bien hexagonales. Nous nous comparons avec d’autres régions hexagonales, à nous-mêmes ! Certes les économistes qui nous ont fait des communications ce matin sur la nouvelle région avaient reçu une commande, donc ce n’est pas leur faute.
Mais qu’allons faire avec nos régions à taille prétendument européenne. Rien ne va changer. Le rapport reste quasiment le même entre nos régions et celles de nos voisins.
Une fois rassemblées nos budgets respectifs (Aquitaine, Limùousin,Poitou Charentes), cela ne fait malgré tout que la moitié de celui de nos voisins aragonais : 5,25 milliards d’euros pour 1,3 millions d’habitants soit le quart de notre future région. Ce sont des chiffres connus mais il faut les rappeler.
Je pourrais prendre d’autres exemples.  

Très ambitieuse au départ dans les annonces, la réforme nous propose un bien maigre résultat.Et pour les régionalistes comme moi c’est très décevant.
Je ne parlerai pas de la simplification que l’on avait promise aux citoyens. Qui pourrait prétendre que cette réforme rendra les choses plus claires ? Personne !  D’ailleurs demandez dans la rue et vous entendrez dire : « cela ne change rien » !

Je ne reviendrai pas sur le péché originel qui a consisté à parler du cadre avant de parler de ce que l’on devait mettre à l’intérieur. Nous voilà avec l’Aquitaine d’Aliénor ! Mais sans Aliénor ! Nous voilà avec l’Aquitaine d’Aliénor mais avec un pouvoir central qui ne lâche rien !
Nous voici donc avec de nouvelles cartes. Nous voici affairés à des additions de populations, de kilomètres de voie ferrée, de lycées, de budgets, de politiques, de règlements d’interventions…Bientôt nous jouerons à chercher un nom…

Enfin une question me permettra de terminer mon propos.Je profite de la présence de la ministre pour la lui poser
Que va faire l’État ? Quelles réformes l’État va t-il s’imposer pour s’adapter ? Comment va t-il prouver qu’il fait confiance aux régions ? Nous savons qu’il ne nous accordera aucune fiscalité supplémentaire. Va t-il nous dire que ce qu’il nous impose est trop difficile à faire pour lui ? Combien d’académies dans notre région par exemple?  Une, deux, trois ? Une pour Bordeaux, une pour Limoges et une pour Poitiers ? A quel niveau l’État est il capable de s’engager pour réformer les circonscriptions administratives dans lesquelles il agit. ? Nous touchons là à la question de la simplification et à la question des coûts.
Je vous remercie

Vous avez dit “ vivre ensemble  » ? Vous voulez dire “ Convivéncia « 

L’Occitanie est une terre qui a connu des déferlantes de fanatisme religieux. Elle a payé cher d’avoir été à certains moments de l’Histoire une terre de tolérance, de « vivre ensemble » comme on dit en français. En occitan on a le mot « convivéncia ». Il est beau. Il y a toujours des forces pour ne pas le supporter.

Nous ne sommes pas une terre d’hérésie mais une terre qui a tenté la tolérance, qui a essayé de la cultiver. Aujourd’hui même nous sentons que les forces politiques les plus rétrogrades gagnent du terrain dans les villages, les villes et les régions occitanes. Il ne faut pas être naïfs ; pas question de laisser penser que nous croyons que l’Occitanie est une terre où la tolérance est partagée par tous, qu’elle y fleurit naturellement. Elle doit se cultiver, à chaque génération.

Aigas mortasAigas Mortas on Maria Durant estó empresonada 38 ans

A chaque épisode de l’histoire il y a eu dans notre société des forces opposées. La « convivéncia » n’était pas —et n’est pas— du goût de tout le monde. A chaque fois il faut expliquer, convaincre, combattre les idées simplistes, s’opposer à ceux qui croient que l’autre est un ennemi.

Certes il y a les armes pour lutter contre les armes ; le prix de ce combat est toujours très élevé. Il est parfois nécessaire.

Rafael Alberti écrivit un poème terrible et résigné, alors que la guerre semblait inévitable en Espagne :

« qué dolor de papéles  ha de barrer el viento » (Quelle douleur de papiers doit balayer le vent)

qué tristeza de tinta  ha de borrar el agua ».(Quelle tristesse d’encre doit effacer l’eau)

« las palabras entonces no sirven, son palabras.(Les mots alors ne servent pas, ce sont des mots)

Las siento esta noche heridas de muerte las palabras ».( je les sens cette nuit blesssés à mort, les mots)

Alberti ponctua son poème d’une sorte de refrain terrible qui disait : « balas ! balas ! ».

Il répondait d’une certaine façon au stupide et absurde « Viva la muerte ! » de général José Millán-Astray.

Quand l’intolérance triomphe les mots meurent, l’intelligence meurt. D’ailleurs ceux qui crient à leur façon « viva la muerte ! » aujourd’hui ne supportent pas les mots ni la culture.

montsegurComment répondre à la situation ? Il serait présomptueux de dire que qui que ce soit a LA solution. Il faut des réponses sociales, économiques, des réponses politiques. Elles seront longues et compliquées. Mais nous devons penser que demain il nous faudra des mots ; ceux qui enseignent la « convivéncia » justement.

Des pages de l’histoire occitane se sont écrites à l’époque de la croisade lancée sous prétexte d’hérésie cathare, puis il y a eu la Réforme, la guerre des Camisards. Je pense aussi à ce mot gravé sur les murs d’Aigas Mortas par Marie Durant « Register ». Elle fut emprisonnée pendant plus de 38 ans pour n’avoir pas cru comme il fallait. Puis il y a ce mot de « Résistance » faisant

Montsegur qu’ei tanben simbolic d’ua epòca d’intolerància

écho quelques siècles plus tard à ce qui était gravé dans la pierre d’une prison. Il répondait à un fanatisme qui n’a rien à envier à celui que nous connaissons aujourd’hui.

Connaitre l’histoire occitane, connaitre les intolérances qui ont tué tant d’hommes et de femmes, qui en ont envoyés tant aux galères et dans des camps serait bénéfique aux jeunes qui fréquentent nos écoles. Mais on en parle peu, pas assez. Et pourtant tout cela résonne aujourd’hui. Je ne crois pas que de mettre un drapeau de la République au fronton des écoles sera suffisant. Si ça devait suffire à arrêter l’intolérance j’en serais heureux. Mais je crois en la culture, en la connaissance, en l’intelligence. Il n’y a rien d’autre pour lutter contre l’obscurantisme. Manifester par millions était nécessaire. Maintenant il faut armer les âmes. Demain il nous faudra des mots, ceux qui enseignent la « convivéncia ». C’est par les mots que tout commence, ou si vous voulez, autrement dit : « Au commencement était le verbe ». Ceux qui veulent empêcher aujourd’hui que les idées circulent devraient connaitre cette phrase.

David Grosclaude

Non deisharam pas passar aquera ideologia destructora/Nous ne laisserons pas passer cette idéologie destructrice

Non deisharam pas passar aquera ideologia destructora

Nous ne laisserons pas passer cette idéologie destructrice

Comunicat deu Partit Occitan / Communiqué du Partit Occitan

De « Tuez les tous ! Dieu reconnaitra les siens ! » en passant par ceux qui théorisent sur une prétendue race supérieure pour tenter d’éliminer un peuple, pour en arriver à ceux qui croient venger leur prophète et être la main de Dieu en tuant des journalistes, ils ne nous délivrent qu’un seul message : celui de l’intolérance et de la haine. Rien de divin dans tout cela, rien de supérieur mais simplement un immense mépris pour les femmes et les hommes qui peuplent cette Terre, une immense misère intellectuelle.

Ce qui s’est passé à Paris est une résurgence des idéologies les plus destructrices que l’on puisse produire et qui vivent encore, tapies dans l’ombre. Ce qui s‘est passé est l’expression de la conviction qu’ont certains qu’ils peuvent faire taire l’autre, celui qui ne pense pas comme eux, par la violence et les armes.

Ils se trompent, nous le savons tous, mais il faut une fois de plus le leur dire, le leur redire. Ils ne gagneront pas ! Nous ne leur céderons pas un pouce du terrain  de la démocratie et de notre liberté. Nous ne nous laisserons pas non plus aspirés par l’enfer de la suspicion et du rejet de l’autre dans lequel ces fous voudraient nous voir tomber.

Sans liberté d’expression pas de liberté de création, pas de liberté de pensée, et pas de liberté de croire ou de ne pas croire non plus.

Le Partit Occitan s’incline devant toutes les victimes de ce massacre, journalistes, dessinateurs, policiers, et s’associe à toutes les manifestations qui montreront l’unité des démocrates face au péril que représente l’intolérance, encore plus quand elle est armée et donc poussée à son paroxysme. 

Non deisharam pas passar aquera ideologia destructora

De : « Tuatz-los tots e Diu coneisherà los sons ! », en passar peus qui teorizan sus ua pretenduda raça superiora entà temptar d’eliminar un pòble, per n’arribar aus qui creden de vengar lo lor profèta e qui pensan d’estar la man de Diu en tuar jornalistas, que’ns dan un sol messatge : lo de l’intolerància e de l’òdi. Arren qui sia de Diu en tot aquò, arren que sia superior, mes sonque un mespretz immense per las femnas e los òmis qui pòblan aquesta Tèrra, ua immensa misèria intellectuau.

Çò qui s’ei debanat a París qu’ei ua resurgéncia de las ideologias mei destructoras qui’s poscan produsir, e que viven enqüèra, esconudas en l’escuranha.

Çò qui s’ei debanat qu’ei l’expression de la conviccion de quauques uns que poderén har carar l’aute, lo qui non pensa pas com eths, per la violéncia e las armas.

Que s’enganan, qu’ac sabem tots, mes que’us ac cau díser un còp de mei e e’us ac tornar díser. Non ganharàn pas ! Non deisharam pas un préner lo mendre poç deu terrenh de la democracia e de la nosta libertat. Ne’ns deisharam pas tanpauc gahar per l’in.hèrn de la suspicion e deu reget de l’aute en loquau aqueth hòus nos volerén har càder.

Shens libertat d’expression non i pas de libertat de creacion, pas de libertat de pensar, e pas de libertat de créder o de non pas créder tanpauc.

Lo Partit occitan que’s clina devant totas las victimas d’aqueth massacre, jornalistas, dessinators, policièrs e s’associa a totas las manifestacions qui haràn mustra de l’unitat de tots los democratas fàcia au perilh qui representa l’intolerància, enqüèra mei quan ei armada e quan la pòrtan au son paroxisme.

Marcèu Esquieu e Ives Roqueta : Se soi occitanista qu’ei per la vòsta fauta !

A Marcèu Esquieu e a Ives Roqueta

Que son en la mea memòria com dus personatges centraus d’un sol e medish moment, qui a l’epòca n’avèva pas nada certitud d’estar istoric. E totun, los dus, diferents, qu’an participat a har l’occitanisme de uei. Marcèu Esquieu e Ives Roqueta que vienen de partir.

Diferents los dus, mes parièrs en la volontat de non pas jamei abandonar la realitat concreta en tot har òbra litarària.

Que’m brembi de Marcèu Esquieu, deus estagis a Vilanèva d’Òut, de la creacion de l’Escòla Occitana d’Estiu, Marcèu las mans dens la tinta d’imprimaria entà har sortir còste que còste un libe o un aute. E òc, escríver non sufeish pas ; que cau har circular los tèxtes. Ives Roqueta, organizator de manifestacions, militant politic, creator deu labèl de disques Ventadorn, escrivan solide, e creator de çò qui pauc e pauc e’s cambiarà en Cirdoc. Escríver n’ei pas pro ; que cau la memòria.

E los dus, dab la lor obsession de la fòrça de la paraula que son tanben en la mea memòria. Los dus provocators, fusils cargats d’umor e de derision : dus caçaires de l’absurditat d’aquera injustícia hèita a la lenga e a la cultura occitanas ; e donc cacçaires de l’absurditat de l’injustícia hèita a l’umanitat peus qui la volerén resumir a un tropèth de productors-consumidors.

L’occitanisme que s’ei transformat gràcias a aqueths dus qui se’n son anats en aqueth començar de 2015. Los dus qu’an escriut entà tots : petits, grans, vielhs joens, cantaires, contaires, comedians.

Los dus qu’an conegut solide moments de flaquèr, de dobte e que’m brembi de’us aver entenuts a dobtar. Mes jamei non conselhèn a qui que sia qu’abandonèsse. Que’us èi coneguts susprés d’aver provocat causas qui n’imaginavan pas o qui n’avèvan pas gausat imaginar. Que m’arribè de díser a l’un en arríder qu’èra la soa fauta se d’autes s’èran engatjats entà anar mei endavant suu camin qui avèva participat a traçar. Qu’estoi urós de véder l’aute susprés, e benlhèu un pauc esvarjat per la prumèra manifestacion de Carcassona en favor de la lenga, en 2005, com qui’s demandava s’èra plan rasonable de provocar aquò.

Alavetz a vosautes dus qui vienetz de partir que volerí díser mercés de v’aver sabut trufar de las causas sacradas, d’aver resistit a ua epòca quan lo vent non bohava pas tostemps en favor de l’occitanisme, d’aver sabut transméter l’idea que lo combat noste ei legitime.

Non pòdi pas díser quan vos vedoi o vos entenoi peu prumèr còp, mes causa segura que hètz partida deu men patrimòni. Se soi occitanista qu’ei per la vòsta fauta.

Mercés de ns’aver indicat las vias deu non-conformisme. Mes que soi triste totun, uei, que siam obligats de seguir lo camin shens vos.

David Grosclaude