Le citoyen du clic

Chaque jour je combats l’injustice…le cul sur ma chaise

 

Je ne sais pas comment vous gérez vos boites mail mais, en ce qui me concerne chaque fois que j’ouvre la mienne je peux faire deux choses. La première consiste à mettre à la poubelle tous les mails indésirables et tous les messages inutiles. J’allège ainsi ma boite mail. Mais la deuxième chose que je fais consiste à alléger ma conscience. En quelques clics, en quelques minutes je peux faire chaque matin des actes de résistance, des protestations véhémentes, je peux dénoncer des scandales, je me fais lanceur d’alerte, je défie les multinationales, je combats l’injustice…et tout ça le cul sur ma chaise, sans avoir à me poser de questions et sans avoir à penser au sens que je devrais donner au mot engagement. Je signe toutes les pétitions qui m’arrivent, toutes aussi urgentes les unes que les autres. C’est l’alerte rouge chaque matin. Je suis mobilisé à fond.

Clic Clic

Je sens que j’ai la fibre… du héros. Je suis « superclic », je suis l’offusqué du clavier, l’indigné de la souris, le révolté du numérique. Ils n’ont qu’à bien se tenir les exploiteurs, les empoisonneurs, les tueurs d’abeilles, les marchands d’armes, les faiseurs d’ouragans, les fraudeurs fiscaux, les opposants aux J.O de Paris, les ennemis de la démocratie, les sexistes, les destructeurs de la nature… JE LES VOIS et je les dénonce.

Il ne fait aucun doute que mon geste doit les faire trembler eux, les méchants. Certes c’est un petit geste mais qui, ajouté au clic de tous les autres super citoyens du clic permettra aux médias qui enquêtent, les yeux rivés sur les twitt, les facebook et autres réseaux pétitionnaires spécialisés, d’annoncer sur les chaines de télévision en continu que telle ou telle pétition a recueilli tant de milliers de signatures. Le baromètre monte ! Ouf ! il va faire beau. Je garde espoir, ça bouge !

Je me sens efficace, agissant, puissant. Je me sens appartenir à une humanité consciente et informée, toujours plus attentive à TOUT ce qui se passe dans le monde. Je suis universel, j’ai le droit d’avoir une opinion sur tout ; et même quand je n’en ai pas, je la donne ; c’est confortable et en plus certains me disent que c’est ça l’égalité. Plus besoin de se documenter, d’écouter, de lire, d’opposer les arguments des uns et des autres. La souris fait de moi le roi du préjugé, du ressenti, de la réaction à chaud, du tout tout-de-suite. Il en est de la pensée comme de la consommation : je commande par internet et je veux tout dans les 24 h, et moins si possible. Je proteste, je pétitionne comme j’achète des chaussures, de l’alimentaire ou des meubles. Et tout cela sur le mode « satisfait ou sinon je retourne le produit ».

Je vais bientôt devenir un adepte du vote obligatoire afin que tout le monde soit obligé de donner son point de vue, même quand il n’en a pas. Tous égaux par la souris et le clavier. Pas besoin d’avoir réfléchi à un sujet pour avoir une opinion. Oui, déjà nous élisons des femmes et des hommes politiques avec pour condition « satisfait ou remboursé ». Ça porte ses fruits. L’indice de popularité leur sert maintenant de ligne de pensée.

Vive la simplification du droit à s’offusquer, à s’indigner. Il faut que chacun, quelle que soit sa condition puisse faire un acte de révolte et prendre cela pour de l’action.

Je refais le monde par la souris et les clics, je le modèle chaque jour comme je voudrais le voir. Et à celui qui me dira que tout cela ne sert à rien et que c’est virtuel je répondrai par une arme de dissuasion massive, qui sera une pétition ; elle dira simplement ceci : « Je veux que le monde change ». Imparable ! Il fallait y penser. Toutes les pétitions en une. Je l’enverrai sur tous les réseaux sociaux et c’est sûr nous serons des millions à la signer. Et ça va faire du bruit, je vous le dis. Si j’enlève les écouteurs que j’ai dans les oreilles je l’entendrai peut-être…ce sera génial

Clic ! Clic ! Clic !

La question catalana ei adara ua question europèa

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La campanha aviada per la Generalitat de Catalonha tau referèndum que’s hè en declinar un dret fondamentau, partatjat per totas e per tots : lo de decidir

 Desempuish aqueste matin la question catalana que passa las termièras de l’Estat espanhòu e que pertòca tots los ciutadans europèus. Mes existeish l’Euròpa ?

Desempuish aqueste matin, l’intervencion de la Guardia Civil en diferents bastiments de  de la Generalitat de Catalonha mei l’arrestacion d’un dotzenat de responsables de l’administracion catalana, que pausa un problèma qui passa las termièras de l’Estat espanhòu.

Lo president deu govèrn de Catalonha, Carles Puigdemont, e la presidenta deu Parlament de Catalonha, Carme Forcadell, tots dus elegits de faiçon democratica, qu’an dit clarament que tà eths lo govèrn espanhòu qu’avèva creat ua situacion perilhosa. Lo president Puigdemont qu’a declarat aqueste matin :« L’Estat espanhòu qu’a de facto suspenut l’autogovèrn de Catalonha ». Que condamnè « l’actitud totalitària de l’Estat espanhòu ».

Lo govèrn de Madrid contunha de desplegar la soa argumentacion a l’entorn de l’illegalitat deu referèndum previst lo 1er d’octobre. Per aquesta rason qu’envia la Guardia Civil entà sasir tot materiau qui poderé estar utilizat entà organizar lo referèndum votat e decidit peu Parlament de Catalonha.

Totun, lo govèrn centrau de Madrid non prepausa pas nada alternativa quitament se lo sostien popular a l’organizacion deu referèndum se concretiza per la mobilizacion de milierats de catalans a Barcelona e en d’autas vilas de Catalonha. E la causa que risca de durar dinc au 1èr d’octobre.

Que l’independéncia de Catalonha non sia pas prevista per la constitucion espanhòla qu’ei mei que probable. Que l’ensemble de las institucions judiciàrias de l’Estat espanhòu dispausen deus arguments juridics entà díser que lo referèndum n’ei pas legau qu’ei probable. Mes que’s tròba que i a milierats e milierats de catalans qui’s mobilizan entà demandar d’aver lo dret de votar lo 1èr d’octobre.

Que vòtin « Òc» o o que vòtin « Non » qu’ei ua question qui pertòca los ciutadans de Catalonha. Mes adara qu’ei evident : la question ei pausada que sia dab o shens referèndum. Qu’ac sabem, entà que la question tròbe la soa responsa de faiçon democratica e tranquilla, de faiçon democratica e civilizada que cau un referèndum.

Se lo govèrn de Madrid non vòu pas d’un referèndum lo 1èr d’octobre qu’a tota possibilitat de l’organizar lo dimenge seguent o un mes mei tard. Mes peu moment la soa preocupacion qu’ei d’empachar que la question sia pausada.

Qu’ac sabem tanben ; ua question qu’ei com l’aiga de la ploja. Quan tòca lo sòu que s’escor, que cola e que cèrca lo son camin ; arren non la pòt arrestar. La question pausada que cercarà ua responsa dinc a ne trobar ua. Mes com l’aiga tà arribar a la mar que pòt córrer tranquilla, shens har domaus ; que’s pòt tanben cambiar en aigat, ac inondar e ac negar tot, tot çò qui’s tròba suu son camin.

Lo govèrn de Madrid que pren lo risc de temptar d’arrestar l’aiga en crear tensions de las grèus.

L’Union europèa que serà obligada de préner ua posicion. Solide que començarà de díser qu’ei un ahar intèrne a un Estat independent. Mes cadun que convienerà que l’argument ei un pauc cortet. Donc que calerà trobar ua auta paraula.

Dejà la premsa internacionau qu’espia dab atentisme çò qui’s passa. Lo quite Barça, simbèu de Catalonha per milions de personas capvath lo monde, que ditz dens un comunicat : « Lo FC Barcelona que contunharà de sostiéner la volontat de la majoritat deu pòble de Catalonha, qui s’exprimeish tostemps dab ua fòrma civica, pacifica e exemplar ».

Que calerà lhèu qu’un arbitre e vienga suu terrenh. Que seré planvienguda ua proposicion de mediacion vienguda de l’Union europèa. Se l’Euròpa vòu existir com Euròpa e non pas sonque com un club d’Estats qui cèrcan a preservar lo lor prat quarrat.

L’étrange concertation lancée par l’État auprès des collectivités

 

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l’arrivée du premier ministre lors de la première conférence territoriale. Il est accompagné du président du Sénat (photo services du premier ministre)

Le gouvernement affirme qu’il veut établir la confiance entre lui et les collectivités, il prétend leur donner la possibilité d’innover et d’expérimenter mais il propose un cadre tellement contraint et des méthodes tellement classiques que rien ne changera.

La lettre adressée par le premier ministre aux élus locaux à la suite de la première conférence nationale des territoires qui s’est déroulée le 17 juillet dernier, est un chef d’œuvre. Comment faire croire que l’on veut changer les choses en ne changeant rien ! Cette lettre se veut un résumé des orientations données par le président de la République.

La conférence des territoires qui se réunira deux fois par an sous la présidence du chef du gouvernement et du président du Sénat, est officiellement un lieu de concertation. Le premier ministre explique dans sa lettre que : « Notre République est décentralisée : nous devons en tirer toutes les conséquences, donner aux libertés locales toute leur force, permettre les initiatives dont notre pays a besoin ».

Le chef du gouvernement cite un certain nombre de conditions pour que la relation soit bonne entre l’État et les collectivités. Il y met « la confiance » et explique qu’aucune décision ne sera prise concernant les collectivités sans que celles-ci ne soient consultées. Il insiste ensuite sur la « liberté » expliquant que nous n’en sommes plus à l’époque où « la République n’imaginait son unité qu’au prix de l’uniformité ». Le premier ministre se dit prêt à laisser « la liberté aux territoires d’adapter leur organisation aux réalités locales dès lors que ces adaptations recherchent l’intérêt général » . On évoque même un pouvoir « d’expérimentation élargi ».

Mais la lettre se poursuit en disant que l’on ne touchera pas aux grands équilibres de la loi NOTRe en dehors de « quelques ajustements techniques ».

Pas question non plus dans ce texte de revenir sur les grandes décisions qui affectent les collectivités comme par exemple la suppression de la taxe d’habitation. Pas question dans cette lettre de réforme de la fiscalité qui permettrait aux collectivités de respirer et d’avoir enfin une certaine autonomie.

Les 13 milliards d’économie sur cinq ans sont confirmés. C’est un dispositif de « suivi et de pilotage des dépenses des collectivités » qui sera mis en place pour qu’elles aient plus de « visibilité et de prévisibilité sur leurs ressources ». Les 13 milliards d’économie donnent déjà une certaine prévisibilité !

En clair les collectivités sont libres à condition qu’elles rentrent dans un cadre si contraint que l’on se demande ce que vaut cette liberté d’imaginer, d’innover et d’expérimenter mise en avant par le chef de l’État et le chef du Gouvernement.

On discutera donc dans cette conférence territoriale de la façon dont on essayera de faire semblant de changer les choses en ne changeant rien.

La lettre se termine par un questionnaire adressé aux maires. On leur pose quatre questions afin qu’ils alimentent le débat de la prochaine conférence des territoires.

La première consiste à demander aux élus s’ils constatent une aggravation de la fracture territoriale et dans quels domaines devrait agir l’État pour améliorer les choses. La deuxième est en relation avec les normes qu’il conviendrait d’alléger afin de faire des économies. La troisième évoque les difficultés à engager des projets d’investissement par les collectivités, en raison du manque de moyens, et demande de quelle « aide en ingénierie » elles auraient besoin pour pouvoir mettre en place ces projets.

La dernière est une pêche aux idées puisque les élus sont priées de lister les bonnes pratiques, les innovations et initiatives qu’il conviendrait de faire connaître afin de les reproduire ailleurs.

Mis à part la dernière question, mais qui ne coûte rien, les autres sont des questions très fermées qui rentrent en contradiction avec le contenu de la lettre. Où est la liberté annoncée ? Où est la capacité d’initiative des collectivités ?

Cette conférence des territoires ne semble pas vouée à un grand avenir, sauf si ceux qui y participent acceptent de faire semblant d’y voir un vrai dialogue.

La gestion des territoires selon Macron et Philippe c’est comme avant avec en plus un lieu et des moments pour que l’État puisse dire comment il souhaite orienter la vie des collectivités et obtenir le soutien de leurs représentants. Nous sommes donc aux antipodes de la « République décentralisée ».

David Grosclaude