Le « bon sens » et « l’illusion » ou l’illusion du « bon sens ».

20170930_184847-1Petites réflexions lexicales a l’intention des autorités françaises sur la question catalane.

Pour vous, vous qui nous avez fait un beau discours sur l’Europe il y a quelques semaines, les choses sont simples. Il y a d’un côté un État et de l’autre une région, une province même. Et pour vous l’ordre des choses est évident : le bon sens veut que l’État soumette la Région et ses habitants à sa volonté, à sa loi.

C’est à votre ami de l’autre côté des Pyrénées, le seul interlocuteur valable selon vous, que j’emprunte le « bon sens ». Lui parle de « sensatez ».

C’est un mot qui semble anodin mais qui peut en réalité être très nocif . Le « bon sens » ou la « sensatez » c’est presque toujours la loi imposée par celui qui détient la force. Un État se définit bien par le fait qu’il détient sur un territoire donné le monopole de la coercition ?

Quand le « bon sens» et la « sensatez » parlent aux masses, je m’inquiète. Parce que l’avenir n’est que rarement fait par le « bon sens » qui commande quasiment toujours que rien ne change. Il est l’arme utile du conservateur. Le « bon sens » nous indique qu’il ne faut pas faire de vagues. Il peut-être le sens-unique et dans cette affaire pourrait même être le sens inique.

Pourtant « bon sens » est un mot qui sonne bien, qui est doux à l’oreille ; chacun semble le comprendre sans effort. C’est du prêt-à-penser, du prêt-à-décider.

Il y a d’autres mots qui peuvent être ambigus. Il y en a un qui a été utilisé par un ancien premier ministre d’origine catalane (dont vous étiez le ministre de l’Économie), c’est le mot « illusion ». Pour lui c’est cela l’indépendance catalane : « une illusion ». Mais quand on connaît, comme cet ancien premier ministre le catalan (la langue de la région qui doit se soumettre) et le castillan (la langue de l’État qui parle de « sensatez »), on sait que ce sont de faux amis. En effet « il.lusió » (catalan) et « ilusión » (castillan) signifient plutôt une espérance mélangée d’impatience. La langue de notre ex-premier ministre aurait-elle fourché ? Non, bien sûr. Mais j’espère que ceux qui, à Barcelone ou à Madrid, ont écouté ses paroles auront bien compris la subtilité linguistique. Sinon ils pourraient croire que cet ancien chef du gouvernement a perdu le « bon sens » qui le caractérise.

Pourtant aujourd’hui l’ex-président catalan (selon le « bon sens ») ou le président en exercice (selon bon nombre de catalans) a expliqué devant la presse combien les poursuites dont il fait l’objet avec son équipe, ressemblent à de la vengeance et à une violence dont seuls font preuve ceux qui perdent leur sang-froid. Et je pourrais même dire ceux qui perdent le bon sens si je voulais insister un peu plus sur l’ambigüité de l’expression.  Que ferez-vous ?

Serez-vous demain encore derrière les tenants de la « sensatez »  ? Continuerez vous de les soutenir au risque de ne pas être dans le sens de l’histoire, qui n’est peut-être pas le «bon sens ».

Vous me direz que « le sens de l’histoire » est aussi une expression discutable. Mais aujourd’hui il semble bien que des millions de catalans veuillent donner à l’histoire un autre sens que celui que les dirigeants de Madrid veulent leur imposer avec cette « sensatez » qui les anime.

Ne croyez-vous pas qu’il serait temps que vous regardiez les choses autrement et particulièrement la carte de l’Europe ? Quand on change d’axe pour regarder une carte on voit parfois la réalité autrement. Dans certaines circonstances il faut tourner la carte dans un autre sens que celui que vous indique le « bon sens ».

Voyez ! Pour les uns l’indépendance est une « illusion » et pour les autres elle est une «il.lusió ».

Si vous tenez vraiment à l’avenir de l’Europe comme vous le prétendez, tournez vous un peu plus vers ceux pour qui l’Europe est une « il.lusió » afin que nous ne perdions pas nos illusions concernant l’avènement d’une véritable démocratie européenne.

Voulez vous tuer cette espérance d’Europe qui est en nous ? / E voletz tuar aquera esperança d’Euròpa qui avem au còr ?

Voulez vous tuer cette espérance d’Europe qui est en nous  ?

 ARTICLE BILINGUE Avui portada

Je vous écris de Barcelone. Mais où suis-je ? En République de Catalogne ? Dans le royaume d’Espagne ? Je suis en Europe c’est certain mais l’Union européenne vient de lâcher les catalans.

Que v’escrivi de Barcelona. Mes on soi ? En Republica de Catalonha, au Reiaume d’Espanha ? Taus uns que soi suu territòri de l’ua, taus autes que soi suu territòri de l’aute. Que soi en Euròpa, aquò segur ! Mes l’Union Europèa que vien d’abandonar los catalans.

 

La déclaration et le vote d’hier par le parlement de Catalogne est avant tout l’annonce de la création « de la République de Catalogne », une République nouvelle dans le cadre de l’Union européenne. L’idée républicaine va au-delà de celle de l’État-nation et nous devrions nous réjouir qu’elle se développe en Europe. Pour autant les chefs d’États de l’Union ont réagi comme s’il s’agissait d’une agression contre l’Europe. Ils n’ont fait que réagir comme un club très fermé qui défend l’un des leurs.

Je remarque que le soutien de Macron est allé à Mariano Rajoy et non pas au peuple espagnol, ce qui aurait été peut-être plus intelligent ou pour le moins plus logique. S’il voulait donner son soutien à une personne c’est au chef de l’État qu’il devait donner son soutien, c’est à dire au roi, à son équivalent en Espagne. Pour un président de la République ce n’était peut-être pas convenable. Mais l’ordre constitutionnel espagnol le veut ainsi, c’est le roi qui est l’équivalent du président de la République.

 

Je remarque que Junker, président de la Commission européenne consteste la déclaration d’indépendance en disant que l’Europe serait ingouvernable s’il y avait une multiplication d’États. Voilà un argument bien étrange de la part de celui qui a été le premier ministre d’un État qui occupe une place à part entière dans l’Union européenne et qui représente, avec ses 600 000 habitants, moins de 10% de la population de Catalogne. Je ne pense pourtant pas que le critère du nombre d’habitants soit le plus pertinent pour juger de la légitimité de la place de tel ou tel en Europe mais si l’on appliquait le raisonnement de Junker il ne resterait plus qu’à lui demander de fondre le Grand Duché dans un ensemble plus grand. Cela simplifierait ainsi le fonctionnement de l’Union.

D’autre part, lâcher —parce que c’est le mot— des millions de citoyens européens confrontés à un conflit avec le pouvoir central d’un État, n’est certainement pas la voie la plus efficace pour faire l’Europe des citoyens. Ce n’est certainement pas cela qui intéresse Junker, Macron et d’autres.

Lâcher les catalans alors que le pouvoir central a eu l’idée de mettre au pas les médias publics catalans, même s’il semble y renoncer pour le moment, prouve que les chefs d’États européens préfèrent laisser se développer dans l’Union une idéologie inspirée de la politique du voisin turc qui, lui, gouverne en mettant en prison les journalistes. Comment peut-on accepter que cette idée germe dans la tête d’un dirigeant européen sans rien trouver à y redire ?

Voulez vous tuer l’Europe en fermant la voie à une autre organisation de l’Union ?

Car, à ce jour, on ne voit rien poindre qui puisse permettre la relance de cette Union européenne. Et si la voie d’une Europe fédérale était la bonne ? Et si une Europe fédérale, respectueuse de ses territoires était la solution ? Et s’il fallait un Sénat européen dans lequel on retrouverait à la fois des représentants des États mais aussi des régions européennes ? Si ce Sénat disposait de pouvoirs aux côtés de l’indispensable Parlement européen enfin doté de pouvoirs décisifs comme cela doit être le cas dans toute démocratie ?

Ce serait une Europe ingouvernable disent ils ! Mais les Etats-Unis sont ils ingouvernables ? Mais l’actuelle Europe la gouvernent-ils ? Ou plutôt qui tente de la gouverner à la façon d’un club d’États dont les plus petits ne sont pas plus considérés que ne le sont les revendications du peuple catalan ?

Ce peuple, par la voix de son gouvernement élu démocratiquement, dans un message adressé aux européens par le président Puigdemont a lancé un appel. On ne lui répond que par le mépris et en lui disant qu’il restera seul face à un gouvernement central qui fera ce qu’il voudra, qui pourra faire respecter un ordre constitutionnel qui n’est basé que sur l’idée, le dogme, que l’unité de l’État espagnol est au dessus de toute demande même démocratiquement exprimée.

Voulez-vous tuer l’Europe ?J’en ai peur et je crains que vous préfériez empêcher son évolution parce que vous êtes restés bloqués sur l’idée que l’État-nation était la seule voie possible. Mais le monde change.

Je ne sais s’il faut y voir une ironie de l’Histoire quand E.Macron reitère son soutien à Rajoy depuis la Guyane ? Quand on voit et quand on entend comment l’État est jugé « méprisant » par certains habitants de la Guyane nous pouvons mesurer la distance qu’il y a entre l’Europe et ses citoyens, périphériques, ou pas.

Je viens de rentrer sur le territoire de Catalogne à l’heure où j’écris ces lignes. Mais ou suis-je ? En République de Catalogne qui a été proclamée hier au soir par un Parlement élu par le peuple de Catalogne ou dans le Royaume d’Espagne qui vient de décider de dissoudre ce parlement et de liquider le gouvernement catalan ?

Pour les uns je suis sur le territoire de l’une et pour d’autres sur le territoire de l’autre ; mais ce qui est certain c’est que je suis en Europe, chez mes voisins qui parlent une langue proche de la mienne, chez mes voisins qui ont fait preuve d’une maturité politique qui devrait servir d’exemple à l’Union européenne. Et pourtant l’Europe se tait, se plie, les lâche. Voulez vous vraiment tuer cette envie d’Europe qui est en nous ?

 

 

E voletz tuar aquera esperança d’Euròpa qui avem au còr ?

Que v’escrivi de Barcelona. Mes on soi ? En Republica de Catalonha, au Reiaume d’Espanha ? Taus uns que soi suu territòri de l’ua, taus autes que soi suu territòri de l’aute. Que soi en Euròpa, aquò segur ! Mes l’Union Europèa que vien d’abandonar los catalans.

 

La declaracion e lo vòte de ger peu Parlament de Catalonha qu’ei prumèr l’anóncia de la creacion de « la Republica de Catalonha », ua Republica navèra en l’encastre de l’Union europèa. L’idea republicana que va au-delà de la d’Estat-nacion e que’ns deverem arregaudir que se desvolopèsse en Euròpa. Per autant los caps d’Estats de l’Union qu’an reagit com s’estosse ua agression contra l’Euròpa. Qu’an avut lo reflèxe de protegir un sòci d’un club barrat.
Qu’arremarqui lo sostien de E. Macron qu’anè a Mariano Rajoy. Paradòxa ! En la soa logica qu’averé devut sostiéner lo pòble espanhòu, o alavetz lo rei, lo cap de l’Estat d’un punt de vista constitucionau, qui ei lo son vertadèr equivalent. Mes un president de la Republica qui sostien un rei no’s hè lhèu pas ?

Qu’arremarqui que Junker considèra l’Euròpa non seré pas de bon governar i avosse ua multiplicacion d’Estats. Estranh qu’ei, de la part d’un òmi qui estó prumèr ministre d’un Estat qui dab los sons 600 000 poblants representa mensh deu 10% de la populacion catalana. Non pensi pas que lo critèri numeric sia lo bon entà jutjar de la plaça de tau o tau en l’Union europèa. Mes en la logica de Junker, perqué non pas fusionar lo Gran Ducat en ua entitat mei grana entà facilitar la governabilitat de l’UE ?

D’ua aute costat, abandonar — qu’ei lo mot— milions de ciutadans europèus acarats a un conflicte dab lo poder centrau d’un Estat n’ei pas de segur la via mei eficaça entà har l’Euròpa deus ciutadans. Mes n’ei pas, solide, çò qui interèssa Junker, Macron e d’autes mei.

Abandonar los catalans mentre que lo poder centrau avó l’idea de méter au pas los mèdias publics catalans, quitament se la sembla estremar peu moment, pròva que los caps d’Estats europèus que s’estiman mei deishar desvolopà’s en Euròpa ua ideologia inspirada de la politica deu vesin turc qui, eth, e govèrna en hicar a la preson los jornalistas. Quin pòden acceptar qu’ua tau idea agi espelit hens lo cap d’un responsable europèu shens gausar díser arren ?

E voletz tuar l’Euròpa en barrar lo camin a ua organizacion diferenta de l’Union ? Pr’amor au dia de uei non vedem pas a puntejar arren qui posca perméter de tornar aviar aquera Union europèa.

La via federau estosse la bona ? Ua Euròpa federau respectuosa deus territòris estosse la solucion ? Estosse necessària la creacion d’un Senat europèu on se trobarén a l’encòp representants deus Estats e de las regions europèas ? Aqueth Senat e dispausèsse de poders a costat de l’indispensable Parlament europèu enfin dotat de poder decisius com aquò e deu estar en tota democracia ?

Que seré ua Euròpa ingovernabla, çò disen ! Mes, los Estats-Units e son ingovernables ? Mes e la govèrnan l’Euròpa de uei ? O meilèu la question qu’ei : quí essaja de la governar a la faiçon d’un club d’Estats de qui los mei petits non son pas mei considerats que son consideradas las reivindicacions deu pòble catalan ?

Aqueth pòble, per la votz deu son govèrn democraticament elegit, en un messatge lançat peu president Puigdemont, qu’a demandat ajuda aus europèus. No’u responen pas o alavetz sonque dab mesprètz en disent que’u deishan sol fàcia a un govèrn centrau qui harà çò que volha, qui poderà har arrespectar un ordi constitucionau bastit sonque sus l’idea, lo dògma, que l’unitat de l’Estat espanhòl ei au dessús de tota demanda, quitament democraticament exprimida.

 

E voletz tuar l’Euròpa ?

Que m’ac sembla, o meilèu qu’èi paur que v’estimetz mei d’empachar la soa evolucion pr’amor qu’ètz demorats blocats sus l’idea que l’Estat-nacion ei la sola via possibla. Mes lo monde que càmbia.

Non sabi pas se i cau véder ua ironia de l’Istòria quan Macron e torna dar lo son sostien a Rajoy de Guaiana estant ? Quan vedem e audim quin l’Estat ei jutjat « mespresant » per uns habitants de de Guaiana que podem pagerar la distància que i a enter l’Euròpa e los son ciutadans, periferics o pas.

Qu’acabi d’entrar suu territòri de Catalonha au moment d’escríver aquestas linhas. Mes on soi ? En Republica de Catalonha o au Reiaume d’Espanha qui acaba de decidir la dissolucion deu parlament e deu Govèrn de Catalonha ?

Taus uns que soi suu territòri de l’ua, taus autes que soi suu territòri de l’aute ; mes çò de segur qu’ei que soi en Euròpa, ençò deus vesins, qui parlan ua lenga sòr de la mea, qui an hèit la mustra d’ua maturitat politica qui deveré servir d’exemple a l’Union europèa. E totun l’Euròpa que plega, que’us abandona. E voletz vertadèrament tuar aquera esperança d’Euròpa qui avem au còr ?

 

David Grosclaude que publica :« Los mots e lo baston »/ « Les mots et le bâton »

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 BON DE COMANDA/BON DE COMMANDE

Sortie le 30 octobre / Que pareish lo 30 d’octobre 

DISPONIBLE EN VERSION OCCITANE originale ou en VERSION FRANÇAISE .

DGRO-coberta-oc-bastonPréface de MAX SIMEONI / Prefaci de MAX SIMEONI

edicions de l’ADEO          Colleccion l’enquestaire

 Prix /Prètz : 12 €  (Franc de pòrt)

182 p ; format 110 X 180                     

Ua lenga qu’ei un objècte politic

Per aquesta rason, que cau ua politica lingüistica publica tà l’occitan entà completar e ajudar lo tribalh deu monde associatiu. David Grosclaude que conta quin estó lèu convençut que lo combat en favor de la diversitat lingüistica ei ligat a la defensa de la diversitat biologica. « Que cau lutar contra l’escaloriment deu climat e contra l’en·hrediment culturau », çò ditz. Qu’ei ua question democratica màger.

En aqueste libe David Grosclaude que conta tanben la soa experiéncia d’elegit regionau encargat de la lenga occitana. Qu’explica tanben quin decidí de har ua grèva de la hami en 2015. En lançar : « Que n’i a pro d’estar mespresats ! » que demandava l’Estat respectèsse los sons engatjaments pertocant la creacion d’un Ofici Public de la Lenga Occitana.

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« Les mots et le bâton »

Sortie le 30 octobre / Que pareish lo 30 d’octobre

edicions de l’ADEO Colleccion l’enquestaire

 Prix /Prètz : 12 € (Franco de port)

182 p ; format 110 X 180

Prefaci de Max Simeoni

 

« Les mots et le bâton »

Une langue est un objet politique.

Pour cette raison, il faut une politique linguistique publique pour l’occitan afin de compléter et de soutenir le travail des associations. David Grosclaude raconte comment il a acquis la conviction que le combat en faveur de la diversité linguistique est très étroitement lié à la défense de la diversité biologique. « Il faut lutter contre le réchauffement climatique et contre le refroidissement culturel », dit-il. C’est une question démocratique majeure.

Dans ce livre David Grosclaude relate aussi son expérience d’élu régional chargé de la langue occitane. Il explique comment il décida de mener une grève de la faim en 2015. En lançant : « Que n’i a pro d’estar mespresats ! » (Il y en a assez du mépris) il demandait que l’État respecte ses engagements concernant la création d’un Office Public de la Langue Occitane.

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E l’Euròpa que ditz ? Que deu parlar !

Jordi Sànchez e Jordi Cuixart que son en preson desempuish ger
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Quau que sia la nosta opinion sus la question de l’independéncia non podem pas deishar shens reaccion un govèrn d’Euròpa méter en preson personas per un delicte qui ei prumèr un delicte d’opinion. De tota faiçon l’empresonament d’aqueras duas personas no’s pòt pas justificar. Lo perilh qui representarén los dus presidents n’existeish pas, o alavetz sonque deu punt de vista d’aqueths qui vòlen empachar la difusion d’un messatge qui, solide, non correspon pas a la letra de la constitucion espanhòla, mes qui n’ei pas un messatge qui crida a la violéncia.

Jordi Sànchez e Jordi Cuixart que son los presidents de l’Omnium Cultural e de l’Assemblea Nacional Catalana. Que son duas organizacions ciutadanas hòrt importantas. Que son acusats de « sedicion » entà aver organizat manifestacions autanlèu lo 21 de seteme mentre que la polícia arrestava responsables catalans entà essajar d’empachar lo referèndum deu 1èr d’octobre.

Los dus presidents non son pas poduts sortir libres aqueste diluns de l’Audiéncia Nacional e son estats enviats dirèctament en preson. La « sedicion » de qui son acusats que sembla sustot un pretèxte entà méter hòra-jòc duas personalitats qui son estadas en capacitat de mobilizar centenats de milierats de personas en mantuas manifestacions. Que sembla tanben un pretèxte entà méter hòra-jòc duas personas qui an pres posicions clarament independentistas. Que prengón la paraula lo ser deu referèndum sus la plaça de Catalonha entà díser que volèvan la Republica catalana. Que i estón aplaudits per milierats de personas. N’èi pas entenut ua sola paraula qui aperava a la revòlta o a quauque susmauta violenta.

Vertat ei qu’an evocat la creacion de la Republica catalana e qu’an confirmat atau la lors posicions independentistas. E alavetz ? Ei aquò ua rason entà’us enviar en preson ? Non, que s’ageish d’ua opinion.

Aquera decision de la justícia espanhòla qu’ei un messatge hòrt inquitetant per las libertats en Euròpa. Non i avó pas nada violéncia en las manifestacions organizadas per aqueras duas entitats qui representan los dus òmis. Los centenats de milierats de catalans qui son devarats per carrèras au moment quan l’ANC e Omnium Cultural aperavan a manifestar que i son anadas librament, shens que i estossen obligadas o constrenhtas. Que son donc centenats de milierats de sediciós qui cau jutjar e méter en preson.

L’Union europèa que deu reagir.

Se l’UE non hè pas arren centenats de milierats de catalans que perderàn tota fe en aquera Euròpa qui s’ei bastida sus granas esparanças e suus grans principis qui son los de l’unitat dens la diversitat, de la libertat de pensar e de parlar. Se l’UE non ditz pas arren que son centenats de ciutadans de Catalonha e d’endacòm mei qui consideraràn que los grans principis aficats per l’Euròpa non son pas arren mei que « papèr molhat ».

L’ Espanha « canta catalan »/L’Espagne « chante catalan »

L’Espagne « chante catalan »

L’ Espanha « canta catalan »

J’expliquerai un peu plus loin ce titre qui peut paraître énigmatique

Il est évident que la déclaration devant le parlement de Catalogne vient contrarier quelque peu l’idée que l’histoire s’écrit avec de grands matins et de grands soirs.

Qu’explicarèi un pauc mei luenh aqueh títol qui pòt semblar enigmatic

Segur, la declaracion devant lo Parlament de Catalonha que vien contrariar quauque drin l’idea que l’istòria s’escriu dab de grans matins e de grans sers.

El president anuncia que el referèndum es farà l'1 d'octubre (09/06/2017)

Lo dia de l’anóncia deu referèndum (Fòto Generalitat de Catalonha, Ruben Moreno Garcia)

  Article bilingüe/ article bilingue

J’expliquerai un peu plus loin ce titre qui peut paraître énigmatique ; mais d’abord je veux saluer l’événement qui s’est déroulé ce mardi 9 octobre au parlement de Catalogne.

C’est évident que certains sont déçus par la décision de suspendre la déclaration d’indépendance de la Catalogne, une minute après l’annonce de la création de la République, pour laisser la porte ouverte au dialogue et surtout afin de faire baisser la tension.

Je salue la décision du gouvernement de Catalogne et de son président. C’était la seule possible dans la situation créée et voulue par le gouvernement de Madrid. Le 10 octobre restera sans aucun doute une date dans l’histoire. Elle sera étudiée par les historiens comme un événement qui aura secoué l’Europe. L’histoire s’écrit parfois avec tranquillité tout en prenant en compte l’inintelligence de l’adversaire surtout quand celle-ci peut se transformer en réaction violente.

Je ne ferai pas de culte de la personnalité en saluant l’action de Carles Puigdemont, parce que je suis convaincu que ses décisions sont le produit d’une réflexion collective et que chaque mot qu’il a prononcé depuis le référendum a été pesé par une équipe gouvernementale aidée par un certain nombre de conseillers. Puigdemont a eu le courage d’être la voix qui portait le message.

Depuis la décision annoncée d’organiser le référendum jusqu’à la déclaration de mardi au parlement de Catalogne en passant par le « Aixi no Majestat ! » ( pas comme cela , Majesté), les autorités catalanes ont fait preuve d’un sens politique qu’il faut saluer. Je ne suis pas sûr que, en d’autres temps et sous d’autres cieux, la volonté d’éviter la violence aurait été aussi grande. Il est vrai que cela a été possible grâce à la patience, la sérénité et la détermination des citoyens catalans, que j’ai pu constater sur place lors du vote du 1er d’octobre.

Il est évident que la déclaration devant le parlement de Catalogne vient contrarier quelque peu l’idée que l’histoire s’écrit avec de grands matins et de grands soirs. J’ai vu passer un message d’une militante qui n’avait pas ouvert sa bouteille de Cava pour fêter l’événement ; elle demandait combien de temps il se conserverait au réfrigérateur. Sans doute bien plus que le temps qu’il faudra pour dénouer la question catalane. Quant aux grands matins ou aux grands soirs ce sont des légendes qui remplissent les livres d’histoire. L’histoire s’écrit parfois tranquillement et c’est seulement en se retournant, une fois les choses accomplies, que l’on peut évaluer le chemin parcouru. Le temps pour cela viendra.

En attendant, mardi la Catalogne était au centre des préoccupations médiatiques du monde entier. Un millier de journalistes venus de partout assistait à une séance plénière du parlement de Catalogne. C’est une victoire immense des catalans.

Mais une victoire se bâtit aussi avec les erreurs de l’adversaire et celui-ci en a fait plus d’une. D’abord il s’entête depuis des années à nier le droit des catalans à faire évoluer leur statut d’autonomie. Puis il y a le président du gouvernement espagnol et ses ministres qui n’ont cessé de dire que le référendum ne pourrait pas avoir lieu. Puis il y a les actions menées contre les responsables de la Generalitat, quelques jours avant le vote ; puis il y a les images du 1er octobre où les matraques répondaient aux bulletins de vote.

Il y a eu aussi l’instrumentalisation de la couronne avec la prise de parole catastrophique du roi. Enfin, il y a eu, et il y a encore, ces déclarations ou plutôt ces incantations de responsables du gouvernement espagnol qui affirment que la loi de transition votée par les catalans ainsi que le référendum « n’ont jamais existé ». Soraya Saenz de Santamaría, vice-présidente du gouvernement de Rajoy, a oublié qu’il ne s’agit pas de pratiquer un exorcisme mais d’une réalité politique qui demande une posture autre que l’incantation.

Je ne sais pas ce qui sortira de cette situation.

Mais quoi qu’il arrive je veux garder en tête les paroles d’un député du parlement de Catalogne, mille fois reprises quand il était chanteur et qui disent : « si la lluita és sagnant serà amb vergonya de la sang »(si la lutte se fait dans le sang ce sera avec la honte du sang). Ce sont des paroles de la chanson de Lluís Llach. Hier il a fait partie des députés qui ont signé la déclaration d’indépendance. Et c’est de la honte dont il parle qu’il faut se protéger. Il n’y a rien de glorieux à tremper les drapeaux dans le sang, que ce soit le sang de son propre peuple ou dans le sang de son adversaire…Cela n’est bon que pour quelques livres d’histoire écrits par ceux qui se pensent victorieux pour l’éternité ou pour quelques hymnes écrits en des temps révolus.

Il n’est pas certain que le gouvernement espagnol veuille discuter, c’est même improbable, plus qu’improbable. Les propos tenus ce jour devant le Congrès des députés à Madrid montrent que le gouvernement de Madrid veut bien dialoguer mais il ne le fera qu’à la condition qu’on ne touche pas à la constitution de 1978. Donc il ne veut pas dialoguer.

Mais s’il y a une occasion de donner la possibilité à quelques intelligences de se faire entendre parmi les déclarations espagnolistes de ces jours derniers, cette occasion il ne faut pas la rater.

Je ne suis pas un fétichiste de l’indépendance. Je n’ai aucune leçon à donner aux catalans. Ce sont leurs affaires. S’ils veulent l’indépendance je ne vois pas au nom de quoi je pourrais leur dire qu’ils ont tort ou raison. À eux de décider. Mais avec la voie d’apaisement que semble vouloir suivre le gouvernement catalan, il apparaît que cela permet de préserver des choses qui nous concernent, nous qui vivons en dehors de la Catalogne mais dans la même Europe. Justement il faut préserver l’idée européenne, ainsi que la paix. Si je ne suis pas un fétichiste de l’indépendance je ne le suis pas non plus pour ce qui est de l’État-nation. Nous avons à inventer autre chose, quelque chose de neuf. Face aux défis auxquels doit de confronter l’humanité dans les années qui viennent c’est nécessaire. Tout cela donne certes le vertige aux dirigeants des états-nations incapables de penser un autre monde. Cela explique leur fébrilité.

 

J’avais promis d’expliquer le titre de cet article. En feuilletant un dictionnaire occitan j’ai trouvé tout à fait par hasard, une expression qui dit « cantar catalan » (chanter catalan). C’est, selon ce dictionnaire une expression utilisée en Provence pour désigner le son que fait un objet fêlé, fendillée. Alors oui l’Espagne « canta catalan », elle «chante catalan ». Cette expression, qui sans doute était moqueuse, prend aujourd’hui un sens politique inattendu. Les accusations d’avoir créé « la fractura » en Catalogne se retournent maintenant vers le gouvernement de Madrid. Je ne vois pas comment le problème pourrait se régler autrement que par un divorce par consentement mutuel. Ou alors ce serait par « la vergonya de la sang », ce que personne ne peut souhaiter.

L’Espagne d’aujourd’hui « canta catalan ». Cela ne fait aucun doute.

 

 

 

Espanha « canta catalan »

 

Qu’explicarèi un pauc mei luenh aqueh títol qui pòt semblar enigmatic ; mes prumèr que voi saludar l’eveniment qui s’ei debanat aqueste dimars au Parlament de Catalonha. Segur, daubuns que seràn lhèu decebuts per la decision de suspéner la declaracion d’independéncia de Catalonha, sonque ua minuta après la declaracion de la creacion de la Republica, e aquò entà deishar la pòrta ubèrta au dialògue e sustot tà har baishar la tension.

Que saludi la decision deu govèrn de Catalonha e deu son president. Qu’èra la sola possibla en la situacion creada e voluda peu govèrn de Madrid. Lo 10 d’octobre que demorarà segur ua data en l’istòria qui serà estudiada peus istorians com un eveniment qui aurà segotit l’Euròpa. L’istòria que s’escriu còps que i a dab tranquillitat. Que cautà aquò préner tanben en compte l’inintelligéncia deus adversaris sustot quan aquesta e’s pòt cambiar en reaccion violenta.

Non harèi pas de culte de la personalitat en saludar l’accion de Carles Puigdemont pr’amor que soi segur que las soas decisions son lo produit d’ua reflexion collectiva e que cada mot qui prononciè desempuish lo referèndum qu’estó pesat per ua equipa governamentau e un cèrt nombre de conselhèrs. Puigdemont qu’a avut lo coratge d’estar la votz qui portava lo messatge.

Desempuish la decision anonciada d’organizar lo referèndum dinc a la declaracion de dimars au Parlament de Catalonha, en passar peu « Aixi no Majestat ! » las autoritats catalanas qu’an hèit pròva d’un sens politic qui cau saludar. Non soi pas segur que, per d’autas tempsadas e devath d’autes cèus, la volontat d’evitar la violéncia seré estada autan grana. Vertat ei, tot aquò estó possible gràcias a la paciéncia, la serenitat e la determinacion deus ciutadans catalans qui podoi constatar sus plaça lo dia deu vòte, lo 1èr d’octobre.

Segur, la declaracion devant lo Parlament de Catalonha que vien contrariar quauque drin l’idea que l’istòria s’escriu dab de grans matins e de grans sers. Que vedoi a passar un messatge d’ua militanta drin decebuda qui disèva que n’avèva pas obèrt la soa botelha de Cava entà hestejar l’eveniment. Que demandava dab umor quant de temps e’s podèva guardar au refrigerator. Segurament que’s pòt conservar plan mei longtemps que çò qui calerà entà que’s desvire la question catalana.

Per çò qu’ei deus grans sers e deus grans matins que son legendas qui emplenan los libes d’istòria. Còps que i a l’istòria s’escriu tranquillament e qu’ei sonque en s’arrevirar, un còp las causas complidas que’s pòt evaluar lo camin hèit. Lo temps per aquò vienerà.

En aténder, dimars, la Catalonha qu’èra au centre de las preocupacions mediaticas deu monde sancèr. Un milierat de jornalistas vienguts de pertot capvath lo monde assistivan a un plen deu parlament catalan. Qu’ei ua victòria immensa deus catalans.

Mes ua victòria que’s basteish tanben dab las errors de l’adversari e aqueste que n’a hèit mei d’ua. Prumèr que s’encapborreish desempuish annadas a denegar lo dret deus catalans a har evolucionar lo lor estatut d’autonomia. Puish que i a lo president deu govèrn espanhòu e los sons ministres qui non deishèn pas de díser que lo referèndum no’s podore organizar. Puish que i a las accions aviadas contra los responsables de la Generalitat quauques dias abans lo vòte, puish que i a los imatges deu 1èr d’octobre quan las malhucas s’opausavan a bulletins de vòte. Que i avó tanben l’instrumentalizacion de la corona dab la presa de paraula catastrofica deu rei. Enfin que i avut — e que i a enqüèra—aqueras declaracions, o meilèu incantacions, de responsables deu govèrn espanhòu qui afirmavan que la lei de transicion adoptada peu Parlament de Catalonha, que lo referèndum « n’an pas jamei existit». Soraya Saenz de Santamaría, la vice-presidenta deu govèrn espanhòu que s’a desbrombat que non s’ageish pas ací de har exorcisme, mes d’ua realitat politica qui demanda ua postura auta que l’incantacion.

Non sabi pas çò qui sortirà d’aquera situacion. Quau que sia la seguida, que guardi en cap las paraulas d’un deputat deu parlament de Catalonha, mila còps represas e qui disen : « si la lluita és sagnant serà amb vergonya de la sang ». Que son las paraulas d’ua cançon de Lluís Llach. Aqueste que signè la declaracion d’independéncia en tant que deputat catalan. E qu’ei d’aquera vergonha qui’s cau protegir. Non i a pas arren de gloriós a trempar las bandèras en la sang, que sia la deu son pròpi pòble o lo deus sons adversaris… Aquerò que vau sonque en quauques libes d’istòria escriuts peus qui’s pensan vencedors per l’eternitat o per quauques imnes escriuts aus temps d’un còp èra.

N’ei pas briga segur que lo govèrn espanhòu acceptarà de discutir, qu’ei quitament improbable, mei qu’improbable. Las causas ditas uei devant lo Congrès deus deputats a Madrid amuishan clarament que lo govèrn vòu plan dialogar mes a la condicion que non tòquen pas a la constitucion de 1978. Donc non vòu pas dialogar.

Mes se i a un parat que quauques intelligéncias se poscan har enténer au demiei de las declaracions espanholistas d’aqueths dias, que’u cau gahar.

Non soi pas un fetichista de l’independéncia. Tanpauc n’èi pas nada leçon a dar aus catalans. Que son los lors ahars. Se vòlen l’independéncia non vedi pas au nom de qué e poderí díser qu’an tòrt o rason. A eths de decidir. Mes dab lo camin d’apatzament qui sembla de voler seguir lo govèrn catalan, que’m sembla que permet de preservar causas qui’ns pertòcan a nosautes qui vivem hòra de Catalonha, mes en la medisha Euròpa. Justament que cau preservar l’idea europea, e puish tanben la patz. Se non soi pas fetichista de l’independéncia no’n soi pas tanpauc de l’Estat-nacion. Qu’avem a inventar quauquarren mei, quauquarren de nau. Fàcia aus desfís a’us quaus e’s deu acarar l’umanitat per las annadas qui vienen, qu’ei necessari. Tot aquò da lo verdigòu aus dirigents deus Estats-nacions incapables de pensar un aute monde. Qu’ei l’encausa de la lor febrilitat.

Qu’avèvi prometut d’explicar lo títol d’aqueth article. En espiar un diccionari occitan que trobèi, shens d’ac cercar, ua expression qui ei « cantar catalan ». En Provença que sembla l’expression que designa lo son qui hè ua causa qui ei asclada, crascada, halhassada o henalhada. Alavetz òc ! Espanha que « canta catalan ». Aquesta expression, qui èra segur trufandèca, que pren uei un sens politic inatendut. Las acusacions contra los independentistas d’aver creat « la fractura » en Catalonha, que s’arreviran adara contra lo govèrn de Madrid.

Non vedi pas quin lo problèma e’s poderé reglar en dehòra d’un divòrci per consentament mutuau. L’Espanha uei que « canta catalan ». Non i a pas nat dobte.