Je voterai E. Macron. Je ne parlerai pas de « faire barrage » !
Il y a dans cette formule une sacrée ambigüité. Quand on fait un barrage on empêche l’eau de passer mais on fait monter le niveau de l’eau. Bref le problème c’est que depuis quelques années on ne doit pas regarder du bon côté du mur que l’on prétend construire. Si on regarde en aval tout va bien ! Si on regarde en amont c’est plus compliqué. Derrière le mur s’accumule le fruit des erreurs, des maladresses. Et à chaque fois il faut monter un peu plus le niveau du barrage. La submersion est le vrai danger.
Donc je ne « ferai pas barrage » au FN le 7 mai ; je voterai pour Emmanuel Macron pour empêcher le pouvoir de basculer à l’extrême de la droite. C’est la seule arme qui me reste. Ce ne sera pas un vote par défaut mais carrément un vote par dépit.
« Faire barrage » est encore une de ces expressions pour tenter de ne pas voir la réalité en face. Parmi ceux qui « feront barrage » comme ils disent, il y en a tant qui ont tant fait pour qu’il pleuve en amont, entre chaque élection (scandales, reniements, petits calculs, carrierisme…). Il y a aussi ceux qui font monter régulièrement le niveau du lac avec leurs larmes de crocodiles.
Pour vider un barrage il faut le siphonner. C’est la seule solution. Il faut faire en sorte que les idées simplistes, nationalistes et chauvines cessent de fasciner de plus en plus de monde.
Je voterai Macron, par dépit. Parce que ce système qui consiste à élire un monarque républicain risque de provoquer un passage brutal du pouvoir central avec armes et bagages à l’extrême droite.
Si ce n’est pas cette fois-ci, vu la tendance ce serait pour la prochaine, malgré les constructeurs de barrages qui reviennent à chaque élection. Je ne peux m’y résoudre.
Alors dépêchons nous de siphonner !
Le projet d’Emmanuel Macron ne m’a pas séduit au premier tour et ne me séduira pas plus entre les deux tours. Mais ma conviction démocratique fait que je ne peux pas faire autrement. Je voterai donc Emmanuel Macron et je le dis sans que cela m’écorche la bouche ; je mettrai le bulletin dans l’urne sans que ça m’écorche les doigts.
Cependant, la vraie question est : que vaudront ces élections une fois cette affaire terminée ?
Je voterai pour Emmanuel Macron tout en disant que je n’ai qu’une seule revendication : que lui ne se revendique pas de ma voix.
Il faudra bien remettre le système en question. L’extrême droite ne propose rien de tout cela évidemment. Mais je crains qu’ Emmanuel Macron non plus. Certes il défend l’Europe, la plus grande aventure politique que nous ayons vécue en 60 ans. Mais cela reste une Europe des égoïsmes étatiques, sans véritable démocratie, qui ne donnera pas le pouvoir à son parlement, une Europe qui ne veut pas faire l’effort de réformer sa politique sociale, fiscale et écologique ; alors que c’est l’urgence.
Je voterai Emmanuel Macron même s’il ne dit rien de ce qui mine la démocratie dans notre pays, c’est à dire le centralisme qu’il soit politique, médiatique et économique.
Je voterai Emmanuel Macron parce que j’en ai marre de faire des barrages et des frontières. Mais ce ne sera pas une voix de soutien, ni d’approbation de son projet.
J’espère qu’il comprendra que nous serons nombreux à penser comme cela et qu’il saura en tirer les conséquences.
Il faudra bien un jour mettre un peu de subversion dans le système pour éviter la submersion.
David Grosclaude
Oui, je suis d’accord sur la nécessité d’un programme plus ouvert sur l’Europe et la régionalisation mais je n’aime pas cette façon négative d’aller de l’avant ! Au lieu de soutenir Christian Troadec dont le programme était pour le moins fantaisiste, il aurait plus profitable de peser pour infléchir le programme de Macron, ce qui était et reste certainement possible !
Cela fait un bout de temps que l’on essaye d’infléchir des programmes…depuis Mitterrand. Ce n’est pas très efficace. Beaucoup de promesses et peu de résultats . Donc j’essaye d’être plutôt positif et de ne pas surjouer en disant qu’il faut « faire barrage au FN». Je dis clairement que je voterai Macron pour ne pas être faux-cul avec des mots éculés et des formules creuses. Je ne suis pas séduit par les propositions de Macron dans bien des domaines ( emploi par exemple etc…) Mais j’ai trouvé très gênante la proposition de supprimer la Taxe d’Habitation et de la remplacer par une dotation de l’Etat aux communes. C’est caractéristique d’une fuite en avant que l’on connait depuis 20 ans, depuis que Jospin, de façon unilatérale a supprimé la part de la TH des régions. Bien sûr ça paye électoralement de dire plus de TH mais ceux qui s’en réjouissent devraient se demqnder comment les communes continueront à assurer des services qu’ils ne manqueront pas de réclamer. Ce n’est qu’un exemple mais important. Le vrai projet, ambitieux, audacieux, serait de dire que l’on va enfin mener à bien la réforme de la fiscalité et donner aux collectivités une vraie responsabilité en ce domaine. Les élus locaux qui nevotent plus d’impôts mais gèrent des dotations d’État c’est le contraire de la démocratie.
Quant à Christian Troadec, il n’avait pas encore de programme puisqu’il n’était pas sûr d’être candidat. Donc je pense que ce serait inutile de faire une comparaison des programmes.
Oui, je partage ce que tu dis : en réalité, il manque un vrai projet régionaliste et européen. Tu devrais y travailler, tu as la compétence et l’audience pour le faire. Ce que tu dis sur Troadec est comique ! Il allait solliciter les signatures sans programme ! Il est préoccupant que les régionalistes aient soutenu cette éventuelle candidature et qu’un Lassalle ait été candidat alors que la voix des régionalistes n’a pas été présente…