Loi sur les langues, décentralisation : faut-il croire que le changement c’est maintenant ?

J’ai déjà eu l’occasion de parler de la réponse faite par la ministre en charge de la réforme territoriale à propos de la collectivité propre au Pays Basque.

On m’a dit que le maire d’une petite commune basque qui lui avait posé la question n’aurait pas du le faire parce qu’elle n’avait pas eu le temps de préparer sa réponse et qu’il aurait été plus prudent de ne pas évoquer le sujet lors de la réunion de l’Association des Maires de France.

Bon ! Pourquoi pas? C’est une vision de la réalité politique de l’heure à savoir qu’il y a des sujets qu’il ne faut pas évoquer parce que les adversaires sont à l’affût et qu’il convient de ne rien faire qui puisse les réveiller.

Mais même si cette vision des choses peut se prévaloir d’un certain réalisme politique ( voire d’un certain cynisme politique) il n’en reste pas moins que les opposants aux réformes font peur et qu’il faudrait avancer à pas feutrés pour ne pas les réveiller !

C’est aussi les prendre pour des idiots ce qui à mon avis manque de réalisme.

Donc le maire d’Arberats a bien fait d’évoquer le sujet et il n’est pour rien dans le fait que la réponse fut d’un vide inquiétant. La ministre dit n’avoir aucune solution institutionnelle alors que son problème est la solution politique à un problème qui est la division de la gauche entre les centralistes et les partisans de la décentralisation ( que je n’ose appeler régionaliste ou autonomistes) .

Parce que si les partisans du « ne faisons rien » son unis par la volonté de ne rien faire les partisans d’un acte nouveau de décentralisation sont eux désunis.

Il y a aujourd’hui des régionalistes que je qualifierais d’économicistes et qui ne voient en l’acte de décentraliser qu’une façon de se référer — de façon très caricaturale d’ailleurs — à un modèle allemand qui aurait comme vertu première, et presque unique, de permettre le développement de PME exportatrices et compétitives.

C’est une vision du fédéralisme allemand un peu étroite et à la limite de l’image caricaturale de l’allemand travailleur et déterminé à exporter, à vendre pour conquérir le monde.

Jean Pierre Raffarin, qui n’est pas un autonomiste ni un indépendantiste, disait récemment dans un débat sur la décentralisation à Bordeaux que pour faire de la régionalisation il fallait avoir aussi « un petit drapeau dans le coeur ». C’est une façon d’exprimer le fait que pour réussir un tel projet les arguments économiques ne suffisent pas.

Il y a ceux, et j’en fais partie, qui vont au delà et qui sont des fédéralistes pour des raisons à la fois économiques, politiques, culturelles, linguistiques, écologiques ou tout simplement parce que c’est un renforcement de la démocratie et un moyen de renforcer l’idée européenne.

A ce tableau un peu schématique il faudrait ajouter des départementalistes et autres décentralisateurs qui se méfient de la région et ne sont donc pas des régionalistes.

Administration et médias

Pour appuyer les centralisateurs, donc les conservateurs, il y a l’administration centrale formée depuis des décennies à ne rien lâcher et à considérer que les collectivités sont gouvernées par des élus incompétents, dépensiers et égoïstes.

Il faut ajouter, et ce n’est pas la moindre des forces, le système médiatique que l’on a tendance à négliger. Hypercentralisé, ce système ne comprend pas ces demandes de décentralisation puisque lui vit au centre, avec le centre et grâce au centre. Il ne comprend rien ce système médiatique au surpoids du centre, à son hypertrophie, et ne voit les demandes de desserrement de l’étau que comme des volontés rétrogrades de revenir à une époque révolue. Il ne comprend même pas le vocabulaire décentralisateur et confond allègrement régionalisation, autonomie, indépendance comme si tout cela était la même chose. J’ai écouté lundi dernier les commentaires concernant les élections en Catalogne et les résultats qui en sont sortis : c’était édifiant. La confusion est telle qu’elle en est presque risible.

Et que l’on ne prenne pas tout cela à la légère parce que c’est le fondement de notre problème. la confusion volontaire ou involontaire des mots a un effet catastrophique. Je crois plus à l’ignorance qu’au machiavélisme des médias mais je crois aussi plus à la force de l’ignorance en ce domaine puisqu’elle se pare d’une certaine arrogance, celle du centre par rapport à sa périphérie.

Les centralisateurs n’ont donc pas de souci à se faire : leur parole est portée par l’idéologie même qui règne dans les médias français. Je dis bien idéologie parce qu’il s’agit d’un discours automatique et nocif qui déqualifie en permanence. C’est paradoxal quand il s’agit de journalistes ; c’est une réalité française. Elles s’applique aux questions de décentralisation et de régionalisation comme elle s’applique aux questions de langues. Sur ce sujet la déqualification est encore plus grande : à la hauteur de l’ignorance dont font preuve les médias français en ce domaine. Là aussi nous sommes dans le discours automatique et idéologique.

Si le président de la République tient ses promesses et s’il tente de faire ratifier la Charte européenne des langues je prédis un festival d’énormités dans les médias ( en plus de ce que certains responsables politiques pourront dire et dont nous avons l’habitude).

C’est ce qui me fait craindre que le sujet pourrait être évacué comme risque d’être évacué celui de la régionalisation. Je ne peux donc qu’encourager les élus de tous bords à envoyer des messages à l’exécutif pour lui dire qu’il y a des attentes et des espoirs sur ce sujet et qu’il faut de l’audace et du courage.

Et qu’on ne me dise pas qu’il faut éviter de poser des questions pour ne pas réveiller les opposants. Ils sont déjà réveillés. Il faut donc les affronter et se rappeler que le changement c’est…maintenant ? C’est bien ça ?

 

David Grosclaude  

2 commentaires

  1. Jef Monnier · novembre 27, 2012

    Il y avait à une époque (avant 2006) une émission (j’ai fait des recherches, il s’agit du Forum des Européens) sur Arte le samedi à 19h animée par une journaliste française (Anne-Sophie Mercier) et un journaliste allemand (Matthias Beermann). Chaque émission traitait d’un thème précis et une personnalité politique en lien avec ce thème était invitée.

    Une de ces émissions avait pour thème le pouvoir régional, le fédéralisme, les autonomies, et avait pour invité Jordi Pujol alors président de la Généralité de Catalogne. (Ça devait sans-doute être le samedi 5 juillet 2003).

    La pauvre Anne-Sophie Mercier, autant sur les autres émissions il n’y avait de problème, autant sur celle-là elle était complètement larguée. On voyait bien qu’elle ne comprenait rien à la question. Ses questions étaient complètement à coté de la plaque et elle ne pigeait absolument rien à ce que lui disait Pujol. Heureusement qu’il y avait Matthias Beermann pour animer tout ça.

  2. CAPDECOMME · novembre 27, 2012

    l’Occitania n’es pas qu’un parçan sus l’estat francimand jacobin e bonapartista que i a secles e secles que se truffa de nos, n’avetz pas encara compres ara que i a monde desesperat coma lo cramaira de bandieras de Fois, cal se tirar d’aquel complexa l’occitania exista de l’autre costat de las Pireneas e de l’autre costat de Alpas . A l’ora o la Catalonha va cap à l’idependancia los partits pòlitica occitans sont VERGONHOS !! s’interessent pas pro à la causa !
    Perque totjorn se tornar cap à paris ??? torna fesam nòstre pais a l’ora de la LGV e de gas de shista es possibla d’anar à la batesta, avèm dja ganhat lo Larzac !
    per jo ma cultura es mai procha de Barcelona que de paris !
    lo HilhdePuta de JoanPau

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