
La co-officialité de la langue corse avec le français « n’est pas envisageable » parce que la langue de la République est la français. Cette affirmation même prononcée par un responsable gouvernemental n’a aucun sens. Quel rapport ? La co-officialité ne tue pas l’officialité , elle la partage. Il faudrait préciser donc que la Langue de la République est le français à l’exception de toutes les autres. Et là il faudrait expliquer pourquoi ! Et là le raisonnement deviendrait problématique.Il faudrait reconnaitre que l’on ne veut pas partager ou que l’on se refuse à mettre les langues au même niveau. Donc il y aurait une hiérarchie des langues. Des grandes, des belles et à côté des petites et des laides. Je crains que certains le pensent. Mais le diront ils ?
Il faudrait d’abord se demander si ceux qui sont citoyens français mais s’expriment parfois dans une autre langue sont moins citoyens français lorsqu’ils utilisent l’autre langue. Ce serait idiot. Mais certains le pensent sans doute…
Il faudrait peut-être tenter d’expliquer que le français est la seule langue républicaine…et donc que les autres ne le sont pas. Ce serait idiot aussi. Mais je n’exclue pas qu’ils soient nombreux à le penser…
Il n’y a rien à faire, tout cela est idiot et n’est bâti que sur un présupposé qui est que le français est la langue qui défend des valeurs républicaines alors que les autres risquent de les souiller. Après tout c’est bien ce que disaient Grégoire et Barrère…il y a un peu plus de 200 ans !
La phrase qui consiste à dire que la co-officialité des langues « n’est pas envisageable cache en réalité le fait que le gouvernement ne veut pas dire que pour lui il « n’est pas question de l’envisager » ou mieux « qu’il ne veut même pas y penser ».
La question linguistique est une vraie question politique, une vraie question très sensible, hypersensible depuis des décennies et même plus.
Ceux qui sont victimes des préjugés dont nous connaissons la teneur ne « peuvent envisager » aucune autre sortie que la mort de nos langues même s’ils évoquent le droit à un « développement de ces langues.». C’est au cimetière que ce droit sera à même de s’exprimer si on les écoute. J’aimerais voir la tête de ceux qui pensent que la co-oficialité n’est pas envisageable si demain les canadiens décidaient que la co-officialité du français n’est pas envisageable dans leur État. Ah mais suis-je bête ! J’oublie que les tenants du « ce n’est pas envisageable » sont aussi ceux qui manient cet argument puissant, profond et sans appel qui est : « Mais non, ça n’est pas pareil ! ».