La ministre de la Culture et de la Communication demande que lui soient faites des propositions pour une « politique linguistique publique en faveur des langues régionales »
Le Comité Consultatif pour le Promotion des Langues Régionales et la Pluralité Linguistique Interne a été installé mercredi par la ministre de la Culture et de la Communication.
Le discours prononcé par Aurélie Filippetti était intéressant. Elle rappelé les engagements pris par le président de la République. Elle a déclaré :« Comme vous le savez, le président de la République a exprimé sa volonté que la France puisse ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires (…) signée par la France le 7 mai 1999(…)Il faut voir dans cette volonté présidentiellele souhait de donner enfin aux langues de France —c’est à dire aux langues parlées historiquement sur notre territoire, aux côtés du français— un droit de cité au sens profond du terme »
Elle a insisté que le Comité qu’elle installait devrait tracer les grandes lignes d’une : « politique linguistique publique en faveur des langues régionales qui nous a fait défaut jusqu’ici, et que —au-delà même de la ratification—je souhaite contribuer à définir ».
Voilà une formule nouvelle dans la bouche d’un membre du gouvernement.
Certes rien n’a été promis en matière de ratification de la Charte et la ministre n’a pas caché que les difficultés étaient grandes pour y parvenir. Cependant la mission du Comité va au delà de la question de la Charte puisque la ministre a ajouté que ce qu’elle attendait, c’était des réponses à ces questions : « Quelles langues ? Quelles mesures ? et, subsidiairement, quelle mise en œuvre ? : ce sont les points sur lesquels je souhaite, si vous le voulez bien, que porte prioritairement votre réflexion ».
La mission affectée au groupe de dix personnes qui vont travailler pendant les trois mois qui viennent, a été précisée par la ministre une fois de plus dans son discours lorsqu’elle a expliqué : « Votre comité, je l’ai dit, n’a pas vocation à se prononcer sur la réforme constitutionnelle, mais à éclairer le gouvernement sur les modalités de mise en oeuvre des 39 engagements pris par la France en signant la Charte européenne, et plus généralement à formuler des recommandations visant à valoriser la pluralité linguistique interne à notre pays. Car la ratification de la Charte n’est pas une fin en soi et ne saurait constituer, à mon sens, le seul horizon de notre politique en faveur de la diversité linguistique. Elle ne prend sens que dans une ambition plus vaste: penser et organiser dans notre pays une politique du multilinguisme, qui soit à la hauteur des enjeux sociaux, économiques et culturels liés à la maîtrise de plusieurs langues. Il nous faut rompre une fois pour toutes avec l’idée que d’apprendre une langue implique d’en désapprendre une autre »
Tous les domaines seront concernés : de l’enseignement aux médias en passant par la création artistique et la vie publique.
Le rôle que peuvent jouer les collectivités locales sera aussi l’objet de la réflexion de ce Comité.
Le travail ne fait donc que commencer et je souhaite qu’il débouche vraiment sur du concret. Je n’ai pas l’habitude de me contenter de promesses et je sais que l’ensemble du mouvement en faveur des langues attend vraiment que ce qu’il dit depuis des années soit entendu.
Comme ce mouvement ne se contente pas de dire mais qu’il fait aussi beaucoup de choses concrètes— il enseigne, il crée, il forme, il édite, il entreprend—il n’est plus possible de l’ignorer et de se limiter à de vagues promesses et à des symboles.
Je partage l’idée que la ratification de la Charte européenne n’est pas une fin en soi. Peu importe quels sont les moyens qui feront que les langues auront droit de cité, auront droit au développement et à la reconnaissance légale. Que ce soit une loi ou que ce soient plusieurs lois ce n’est pas important ; ce qui compte c’est qu’enfin la voix d’un mouvement, qui ne cesse de croître depuis des années, soit pris en compte par la République. Car ce sont des citoyens à part entière qui demandent que leurs langues soient reconnues et valorisées et qu’elles disposent enfin de vrais moyens de développement.
David Grosclaude