L’ Espanha « canta catalan »/L’Espagne « chante catalan »

L’Espagne « chante catalan »

L’ Espanha « canta catalan »

J’expliquerai un peu plus loin ce titre qui peut paraître énigmatique

Il est évident que la déclaration devant le parlement de Catalogne vient contrarier quelque peu l’idée que l’histoire s’écrit avec de grands matins et de grands soirs.

Qu’explicarèi un pauc mei luenh aqueh títol qui pòt semblar enigmatic

Segur, la declaracion devant lo Parlament de Catalonha que vien contrariar quauque drin l’idea que l’istòria s’escriu dab de grans matins e de grans sers.

El president anuncia que el referèndum es farà l'1 d'octubre (09/06/2017)

Lo dia de l’anóncia deu referèndum (Fòto Generalitat de Catalonha, Ruben Moreno Garcia)

  Article bilingüe/ article bilingue

J’expliquerai un peu plus loin ce titre qui peut paraître énigmatique ; mais d’abord je veux saluer l’événement qui s’est déroulé ce mardi 9 octobre au parlement de Catalogne.

C’est évident que certains sont déçus par la décision de suspendre la déclaration d’indépendance de la Catalogne, une minute après l’annonce de la création de la République, pour laisser la porte ouverte au dialogue et surtout afin de faire baisser la tension.

Je salue la décision du gouvernement de Catalogne et de son président. C’était la seule possible dans la situation créée et voulue par le gouvernement de Madrid. Le 10 octobre restera sans aucun doute une date dans l’histoire. Elle sera étudiée par les historiens comme un événement qui aura secoué l’Europe. L’histoire s’écrit parfois avec tranquillité tout en prenant en compte l’inintelligence de l’adversaire surtout quand celle-ci peut se transformer en réaction violente.

Je ne ferai pas de culte de la personnalité en saluant l’action de Carles Puigdemont, parce que je suis convaincu que ses décisions sont le produit d’une réflexion collective et que chaque mot qu’il a prononcé depuis le référendum a été pesé par une équipe gouvernementale aidée par un certain nombre de conseillers. Puigdemont a eu le courage d’être la voix qui portait le message.

Depuis la décision annoncée d’organiser le référendum jusqu’à la déclaration de mardi au parlement de Catalogne en passant par le « Aixi no Majestat ! » ( pas comme cela , Majesté), les autorités catalanes ont fait preuve d’un sens politique qu’il faut saluer. Je ne suis pas sûr que, en d’autres temps et sous d’autres cieux, la volonté d’éviter la violence aurait été aussi grande. Il est vrai que cela a été possible grâce à la patience, la sérénité et la détermination des citoyens catalans, que j’ai pu constater sur place lors du vote du 1er d’octobre.

Il est évident que la déclaration devant le parlement de Catalogne vient contrarier quelque peu l’idée que l’histoire s’écrit avec de grands matins et de grands soirs. J’ai vu passer un message d’une militante qui n’avait pas ouvert sa bouteille de Cava pour fêter l’événement ; elle demandait combien de temps il se conserverait au réfrigérateur. Sans doute bien plus que le temps qu’il faudra pour dénouer la question catalane. Quant aux grands matins ou aux grands soirs ce sont des légendes qui remplissent les livres d’histoire. L’histoire s’écrit parfois tranquillement et c’est seulement en se retournant, une fois les choses accomplies, que l’on peut évaluer le chemin parcouru. Le temps pour cela viendra.

En attendant, mardi la Catalogne était au centre des préoccupations médiatiques du monde entier. Un millier de journalistes venus de partout assistait à une séance plénière du parlement de Catalogne. C’est une victoire immense des catalans.

Mais une victoire se bâtit aussi avec les erreurs de l’adversaire et celui-ci en a fait plus d’une. D’abord il s’entête depuis des années à nier le droit des catalans à faire évoluer leur statut d’autonomie. Puis il y a le président du gouvernement espagnol et ses ministres qui n’ont cessé de dire que le référendum ne pourrait pas avoir lieu. Puis il y a les actions menées contre les responsables de la Generalitat, quelques jours avant le vote ; puis il y a les images du 1er octobre où les matraques répondaient aux bulletins de vote.

Il y a eu aussi l’instrumentalisation de la couronne avec la prise de parole catastrophique du roi. Enfin, il y a eu, et il y a encore, ces déclarations ou plutôt ces incantations de responsables du gouvernement espagnol qui affirment que la loi de transition votée par les catalans ainsi que le référendum « n’ont jamais existé ». Soraya Saenz de Santamaría, vice-présidente du gouvernement de Rajoy, a oublié qu’il ne s’agit pas de pratiquer un exorcisme mais d’une réalité politique qui demande une posture autre que l’incantation.

Je ne sais pas ce qui sortira de cette situation.

Mais quoi qu’il arrive je veux garder en tête les paroles d’un député du parlement de Catalogne, mille fois reprises quand il était chanteur et qui disent : « si la lluita és sagnant serà amb vergonya de la sang »(si la lutte se fait dans le sang ce sera avec la honte du sang). Ce sont des paroles de la chanson de Lluís Llach. Hier il a fait partie des députés qui ont signé la déclaration d’indépendance. Et c’est de la honte dont il parle qu’il faut se protéger. Il n’y a rien de glorieux à tremper les drapeaux dans le sang, que ce soit le sang de son propre peuple ou dans le sang de son adversaire…Cela n’est bon que pour quelques livres d’histoire écrits par ceux qui se pensent victorieux pour l’éternité ou pour quelques hymnes écrits en des temps révolus.

Il n’est pas certain que le gouvernement espagnol veuille discuter, c’est même improbable, plus qu’improbable. Les propos tenus ce jour devant le Congrès des députés à Madrid montrent que le gouvernement de Madrid veut bien dialoguer mais il ne le fera qu’à la condition qu’on ne touche pas à la constitution de 1978. Donc il ne veut pas dialoguer.

Mais s’il y a une occasion de donner la possibilité à quelques intelligences de se faire entendre parmi les déclarations espagnolistes de ces jours derniers, cette occasion il ne faut pas la rater.

Je ne suis pas un fétichiste de l’indépendance. Je n’ai aucune leçon à donner aux catalans. Ce sont leurs affaires. S’ils veulent l’indépendance je ne vois pas au nom de quoi je pourrais leur dire qu’ils ont tort ou raison. À eux de décider. Mais avec la voie d’apaisement que semble vouloir suivre le gouvernement catalan, il apparaît que cela permet de préserver des choses qui nous concernent, nous qui vivons en dehors de la Catalogne mais dans la même Europe. Justement il faut préserver l’idée européenne, ainsi que la paix. Si je ne suis pas un fétichiste de l’indépendance je ne le suis pas non plus pour ce qui est de l’État-nation. Nous avons à inventer autre chose, quelque chose de neuf. Face aux défis auxquels doit de confronter l’humanité dans les années qui viennent c’est nécessaire. Tout cela donne certes le vertige aux dirigeants des états-nations incapables de penser un autre monde. Cela explique leur fébrilité.

 

J’avais promis d’expliquer le titre de cet article. En feuilletant un dictionnaire occitan j’ai trouvé tout à fait par hasard, une expression qui dit « cantar catalan » (chanter catalan). C’est, selon ce dictionnaire une expression utilisée en Provence pour désigner le son que fait un objet fêlé, fendillée. Alors oui l’Espagne « canta catalan », elle «chante catalan ». Cette expression, qui sans doute était moqueuse, prend aujourd’hui un sens politique inattendu. Les accusations d’avoir créé « la fractura » en Catalogne se retournent maintenant vers le gouvernement de Madrid. Je ne vois pas comment le problème pourrait se régler autrement que par un divorce par consentement mutuel. Ou alors ce serait par « la vergonya de la sang », ce que personne ne peut souhaiter.

L’Espagne d’aujourd’hui « canta catalan ». Cela ne fait aucun doute.

 

 

 

Espanha « canta catalan »

 

Qu’explicarèi un pauc mei luenh aqueh títol qui pòt semblar enigmatic ; mes prumèr que voi saludar l’eveniment qui s’ei debanat aqueste dimars au Parlament de Catalonha. Segur, daubuns que seràn lhèu decebuts per la decision de suspéner la declaracion d’independéncia de Catalonha, sonque ua minuta après la declaracion de la creacion de la Republica, e aquò entà deishar la pòrta ubèrta au dialògue e sustot tà har baishar la tension.

Que saludi la decision deu govèrn de Catalonha e deu son president. Qu’èra la sola possibla en la situacion creada e voluda peu govèrn de Madrid. Lo 10 d’octobre que demorarà segur ua data en l’istòria qui serà estudiada peus istorians com un eveniment qui aurà segotit l’Euròpa. L’istòria que s’escriu còps que i a dab tranquillitat. Que cautà aquò préner tanben en compte l’inintelligéncia deus adversaris sustot quan aquesta e’s pòt cambiar en reaccion violenta.

Non harèi pas de culte de la personalitat en saludar l’accion de Carles Puigdemont pr’amor que soi segur que las soas decisions son lo produit d’ua reflexion collectiva e que cada mot qui prononciè desempuish lo referèndum qu’estó pesat per ua equipa governamentau e un cèrt nombre de conselhèrs. Puigdemont qu’a avut lo coratge d’estar la votz qui portava lo messatge.

Desempuish la decision anonciada d’organizar lo referèndum dinc a la declaracion de dimars au Parlament de Catalonha, en passar peu « Aixi no Majestat ! » las autoritats catalanas qu’an hèit pròva d’un sens politic qui cau saludar. Non soi pas segur que, per d’autas tempsadas e devath d’autes cèus, la volontat d’evitar la violéncia seré estada autan grana. Vertat ei, tot aquò estó possible gràcias a la paciéncia, la serenitat e la determinacion deus ciutadans catalans qui podoi constatar sus plaça lo dia deu vòte, lo 1èr d’octobre.

Segur, la declaracion devant lo Parlament de Catalonha que vien contrariar quauque drin l’idea que l’istòria s’escriu dab de grans matins e de grans sers. Que vedoi a passar un messatge d’ua militanta drin decebuda qui disèva que n’avèva pas obèrt la soa botelha de Cava entà hestejar l’eveniment. Que demandava dab umor quant de temps e’s podèva guardar au refrigerator. Segurament que’s pòt conservar plan mei longtemps que çò qui calerà entà que’s desvire la question catalana.

Per çò qu’ei deus grans sers e deus grans matins que son legendas qui emplenan los libes d’istòria. Còps que i a l’istòria s’escriu tranquillament e qu’ei sonque en s’arrevirar, un còp las causas complidas que’s pòt evaluar lo camin hèit. Lo temps per aquò vienerà.

En aténder, dimars, la Catalonha qu’èra au centre de las preocupacions mediaticas deu monde sancèr. Un milierat de jornalistas vienguts de pertot capvath lo monde assistivan a un plen deu parlament catalan. Qu’ei ua victòria immensa deus catalans.

Mes ua victòria que’s basteish tanben dab las errors de l’adversari e aqueste que n’a hèit mei d’ua. Prumèr que s’encapborreish desempuish annadas a denegar lo dret deus catalans a har evolucionar lo lor estatut d’autonomia. Puish que i a lo president deu govèrn espanhòu e los sons ministres qui non deishèn pas de díser que lo referèndum no’s podore organizar. Puish que i a las accions aviadas contra los responsables de la Generalitat quauques dias abans lo vòte, puish que i a los imatges deu 1èr d’octobre quan las malhucas s’opausavan a bulletins de vòte. Que i avó tanben l’instrumentalizacion de la corona dab la presa de paraula catastrofica deu rei. Enfin que i avut — e que i a enqüèra—aqueras declaracions, o meilèu incantacions, de responsables deu govèrn espanhòu qui afirmavan que la lei de transicion adoptada peu Parlament de Catalonha, que lo referèndum « n’an pas jamei existit». Soraya Saenz de Santamaría, la vice-presidenta deu govèrn espanhòu que s’a desbrombat que non s’ageish pas ací de har exorcisme, mes d’ua realitat politica qui demanda ua postura auta que l’incantacion.

Non sabi pas çò qui sortirà d’aquera situacion. Quau que sia la seguida, que guardi en cap las paraulas d’un deputat deu parlament de Catalonha, mila còps represas e qui disen : « si la lluita és sagnant serà amb vergonya de la sang ». Que son las paraulas d’ua cançon de Lluís Llach. Aqueste que signè la declaracion d’independéncia en tant que deputat catalan. E qu’ei d’aquera vergonha qui’s cau protegir. Non i a pas arren de gloriós a trempar las bandèras en la sang, que sia la deu son pròpi pòble o lo deus sons adversaris… Aquerò que vau sonque en quauques libes d’istòria escriuts peus qui’s pensan vencedors per l’eternitat o per quauques imnes escriuts aus temps d’un còp èra.

N’ei pas briga segur que lo govèrn espanhòu acceptarà de discutir, qu’ei quitament improbable, mei qu’improbable. Las causas ditas uei devant lo Congrès deus deputats a Madrid amuishan clarament que lo govèrn vòu plan dialogar mes a la condicion que non tòquen pas a la constitucion de 1978. Donc non vòu pas dialogar.

Mes se i a un parat que quauques intelligéncias se poscan har enténer au demiei de las declaracions espanholistas d’aqueths dias, que’u cau gahar.

Non soi pas un fetichista de l’independéncia. Tanpauc n’èi pas nada leçon a dar aus catalans. Que son los lors ahars. Se vòlen l’independéncia non vedi pas au nom de qué e poderí díser qu’an tòrt o rason. A eths de decidir. Mes dab lo camin d’apatzament qui sembla de voler seguir lo govèrn catalan, que’m sembla que permet de preservar causas qui’ns pertòcan a nosautes qui vivem hòra de Catalonha, mes en la medisha Euròpa. Justament que cau preservar l’idea europea, e puish tanben la patz. Se non soi pas fetichista de l’independéncia no’n soi pas tanpauc de l’Estat-nacion. Qu’avem a inventar quauquarren mei, quauquarren de nau. Fàcia aus desfís a’us quaus e’s deu acarar l’umanitat per las annadas qui vienen, qu’ei necessari. Tot aquò da lo verdigòu aus dirigents deus Estats-nacions incapables de pensar un aute monde. Qu’ei l’encausa de la lor febrilitat.

Qu’avèvi prometut d’explicar lo títol d’aqueth article. En espiar un diccionari occitan que trobèi, shens d’ac cercar, ua expression qui ei « cantar catalan ». En Provença que sembla l’expression que designa lo son qui hè ua causa qui ei asclada, crascada, halhassada o henalhada. Alavetz òc ! Espanha que « canta catalan ». Aquesta expression, qui èra segur trufandèca, que pren uei un sens politic inatendut. Las acusacions contra los independentistas d’aver creat « la fractura » en Catalonha, que s’arreviran adara contra lo govèrn de Madrid.

Non vedi pas quin lo problèma e’s poderé reglar en dehòra d’un divòrci per consentament mutuau. L’Espanha uei que « canta catalan ». Non i a pas nat dobte.

2 commentaires

  1. Joan Jaume · octobre 11, 2017

    Al dia d’avui dimecres 11 d’octubre, sabem que tenim uns pocs dies de calma abans la tempesta. Tocant la frontera estal al mig de les muntanyes, al meu municipi com a molts municipis de Catalunya Nord sem molts a tenir nàusees a la lectura dels relats de la premsa espanyola i dels partits unionistes, no per a les idees que defensen, cadascú té les seves, si no per la negació dels fets i de les realitats que vivim al Sud. Ara els unionistes somien de « censurar » la premsa estrangera després de la publicació de fotos i videos dels fets del 1 d’octubre ! Acusen els diputats catalans de saltar-se les lleis constitucionals, però els unionistes, partits i forces de seguetat semblen que actuiin ja com si no hi havia lleis per ells, com si teniem ara Turquia a tocar. Amb una diferència important, els independentistes no han trencat al carrer ni un vidre, ni cremat un contenidor ni un cotxe de policia. Aquí les policies et donen cops de bastons i diuen a la premsa de Madrid que han enviat la policia contra els violents !

  2. De Boissezon Thérèse · octobre 11, 2017

    Face à la détermination pacifiste des catalans et de leur assemblée, on assiste à des déclarations du gouvernement rajoy qui puent la testostérone

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