Si les voisins des catalans allaient dire à Bruxelles qu’ils ont besoin que l’on réaffirme les principes démocratiques dans le sud de l’Europe ? Nos régions n’ont-elles rien à dire ? Les choses sont assez simples et faciles. Rien à voir avec 1936 lorsque les démocraties jouèrent la non-intervention et n’aidèrent

Une partie des maires de Catalogne venus à Bruxelles pour dire leur soutien à leur gouvernement en exil et aux ministres mis en prison en Espagne
pas la République espagnole. Il ne s’agit pas d’une guerre et d’envoyer des armes. Il suffit d’envoyer des mots. On attend !
Le discours qu’a fait ce soir Carles Puigdemont à Bruxelles, devant plus de 200 maires venus de Catalogne le soutenir, lui et les membres de son gouvernement, est un pas de plus vers l’européisation de l’affaire catalane.
Ah ! Si l’Europe savait saisir cette opportunité afin d’exister enfin ! Car après des années d’incapacité à exister sur la scène internationale elle pourrait au moins exister chez elle.
L’appel lancé par le président catalan à Bruxelles est simple. Il demande, depuis la capitale de l’Europe, aux responsables que sont J.C Junker et Antonio Tajani ainsi qu’à Emmanuel Macron e

Carles Puigdemont et les ministres qui sont avec lui à Bruxelles, lors du discours prononcé ce mardi
t Angela Merkel, si oui ou non ils trouvent normal que le gouvernement espagnol fasse déjà savoir qu’il ne respectera pas le résultat des élections du 21 décembre, si ce résultat ne lui convient pas. Ils demande aux mêmes responsables européens si eux-mêmes reconnaitront les résultats de ces élections quel qu’en soit le résultat.
J.C Junker semble déjà disqualifié par les déclarations qu’il a faites. Il ne veut pas déplaire à Mariano Rajoy. Et M.Tajani ne semble pas non plus disposé à contrarier ses amis du Partido Popular.
Mais les chefs d’États européens ? Que diront-ils ? Continueront-ils à soutenir coûte que coûte les positions de M.Rajoy et de ses alliés ?
Les choses sont faciles pourtant puisque l’enjeu est la démocratie sur le territoire de l’Union européenne. Rien à voir avec les débats difficiles des européens en 1936 lorsque les démocraties jouèrent la non-intervention et n’aidèrent pas la République espagnole. Il ne s’agit pas d’une guerre et d’envoyer des armes. Il suffit d’envoyer des mots, des paroles à un certain nombre de responsables politiques. Auront-ils le courage de dire ces mots à Mariano Rajoy et à son gouvernement ? Auront-ils le courage de lui dire que l’on n’enferme pas des opposants politiques en Europe ? Les chefs d’États sauront-ils se comporter en européens, c’est à dire en se mettant à l’écoute d’une Europe qui doit être autre chose qu’une addition d’États qui appliquent les principes européens seulement quand ça les arrange. Nous sommes impatients de les entendre.
Carles Puigdemont met l’Europe face à son avenir et ses dirigeants face à leurs responsabilités. Certes nous ne sommes pas en 1936, certes Barcelone n’est pas Sarajevo, mais demain qui en Europe mettra ses opposants en prison alors qu’il n’y aura eu aucune violence ? Qui annoncera que des élections ne seront valables que si le résultat plait au pouvoir en place ?
Le débat n’est même pas l’indépendance de la Catalogne. Pour les responsables européens il s’agit du strict respect des principes. Personne n’a à dire aux catalans s’ils ont tort ou raison de vouloir ou de ne pas vouloir l’indépendance. Ils choisiront. Enfin il faut qu’ils puissent choisir. C’est l’existence même de ce choix, en toute liberté et dans un cadre démocratique, qui est de la seule responsabilité des dirigeants européens.
Enfin je veux ajouter une réflexion, en voisin de la Catalogne. Si pour la plupart des dirigeants de nos régions françaises, la Catalogne a tort de vouloir son indépendance, si beaucoup se taisent, j’ai relevé que les deux présidents des deux régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine avaient indiqué il y a quelques jours qu’il fallait qu’un dialogue s’instaure entre Madrid et Barcelone. Alors qu’ils prennent l’initiative de réveiller Bruxelles. Puisque nos régions son désormais à taille européenne ( enfin c’est ce que l’on a prétendu au dernier charcutage) qu’elles montrent que ce débat les concerne. Dans le cadre des relations privilégiées qu’ont les régions des Pyrénées, on se connaît entre Bordeaux, Toulouse, Barcelone, Bilbao, Saragosse et Pampelune. Alors il doit bien y avoir une initiative possible, même si elle est audacieuse et non conforme au système centralisé français.
Il est vrai que si aujourd’hui Barcelone fait perdre son sang-froid à Madrid, que si la voix des catalans résonne jusqu’à Bruxelles, chez nous nos régions n’arrivent même pas à chatouiller le pouvoir central qui les met au pain sec et leur voix se perd sans parvenir aux oreilles de ceux qui occupent les palais parisiens. Mais des présidents de régions voisines de la Catalogne qui iraient à Bruxelles pour dire que la situation ne peut être laissée en l’état « ça aurait de la gueule » comme on dit.
Ainsi, ces régions prendraient vraiment sur le plan politique une dimension européenne bien plus crédible que celle que l’on prétendait leur donner en additionnant des km2 sans leur accorder les moyens politiques et budgétaires qui devraient aller avec. Exister en Europe n’est pas une question de superficie. Même si on n’a pas de pouvoir on peut être audacieux. Il y a des espaces politiques dans cette Europe qu’il ne faut pas déserter. Sinon nous savons ce qu’il en coûte. C’est dans la déception de l’espérance démocratique européenne que les idéologies les plus barbares pourront faire leur nid.