Un projet d’incinérateur sur la zone de Lacq / Un projècte d’incinerator suu parçan de Lac. / Écologique ???On vous dit que c’est vert !

Celanèse

C’est sur l’ancien site de Celanèse que l’on voudrait installer cet incinérateur. Quand Celanèse a fermé les salariés se sont battus durant de longues semaines, mais Celanèse est partie en laissant derrière elle des chômeurs et un terrain plutôt très, très pollué. (DG)

 Pour le moment la seule information qui nous soit donnée c’est que la Communauté de Communes de Lacq-Orthez a décidé de vendre un terrain à Suez, que tout cela est très écologique, créateur de 30 emplois et que ça s’appelle « Pavillon Vert ». Donc circulez et dormez bien braves gens ! Mais encore une fois les profits seront privés et les coûts seront publics

Peu moment non sabem pas hòrt de causas. Sonque qu’ei un projècte qui’s vòu ecologic. Suez que poderà crompar un terrenha a la Comunautat de Comunas de Lac-Ortès. En realitat darrèr tot aquò que s’escon ua concepcion plan particulara de la faiçon de tractar las dèishas e las lordèras. Los profiets que seràn privats e las despensas publicas. Un gran classic. 

L’usine d’incinération qui nous est annoncée sur la zone de Celanèse à Pardies-Bésingrand est un four qui doit brûler des CSR ( Combustibles Solides de Récupération).

Il s’agit de tout ce qui ne peut être retraité et recyclé après passage en déchetterie.

Il s’agit de résidus de plastique, bois, textiles… qui sont réduits en très petits morceaux et séchés de façon à être brûlés dans des chaudières spéciales ou des usines d’incinération plus classiques.

C’est un procédé qui existe depuis plusieurs années et peu développé en France mais qui est promu depuis 2015 et la loi de transition énergétique.

Certains, pour des intérêts économiques bien compris, veulent faire passer ces CSR comme la panacée. On fait de l’énergie avec des déchets ! Génial ! C’est la fin des problèmes, plus besoin de pétrole ou de gaz on recycle à fond.

Yara

Yara aussi est partie. C’était l’usine voisine(DG)

Mais c’est sans compter que les CSR sont la preuve que nous avons encore beaucoup de chemin à faire pour arriver à la seule solution qui vaille, à savoir réduire la quantité de déchets que nous produisons.

Sinon nous entrons dans l’idée que plus on produit de déchets plus on aura de l’énergie gratuite…Et ce n’est pas vrai. Imaginez un monde où certains creusent des trous pour que d’autres soient payés pour les combler. Ingénieux mais inutile.

La solution c’est donc l’écoconception des produits et donc la réduction des déchets.

Les CSR ne nous mènent pas sur les chemins de la vertu.

Pour les obtenir il faut : les traiter (dépense d’énergie) et les transporter (dépense d’énergie). Il s’agit donc d’un moindre mal. Mais c’est un mal. Et le bilan énergétique risque de ne pas être au rendez-vous dans certains cas. Il s’agit dans certaines situations d’un gain très limité. Quant au bilan économique, il risque de ne pas l’être non plus. En tous cas pas pour les collectivités. S’il y a des bénéfices à faire ils seront privés. Eh oui c’est ça le secret ! Pour le moment les CSR ne coûtent pas cher à ceux qui les brûlent parce qu’il s’agit pour les collectivités de se débarrasser de déchets qui pourraient finir en décharges d’enfouissement. Ces décharges coûtent et sont très impopulaires.

 

Mais avec le développement de la filière CSR (très juteuse pour les grands groupes) le prix du combustible (CSR) va augmenter (on constate cela en Europe du Nord avec des industriels qui en importent). La loi du marché s’appliquera. Donc les collectivités seront appelées à soutenir cette activité. Déjà elles la subventionnent. Suez ou les autres ne sont pas des philanthropes. Vous le saviez ?

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L’usine de Lacq à l’époque où Total était encore présente (DG)

Il s’agit donc de bien mesurer le fait que les CSR ne sont pas une solution à long terme et que même aujourd’hui ce n’est une solution qui est un petit peu écologique à condition qu’elle joue la proximité. Faire promener sur la route ou les rails des milliers de tonnes de CSR n’est pas raisonnable.

De plus les CSR étant considérés comme des déchets ils échappent à plusieurs taxes dont la TGAP ( Taxe Générale sur les Activité Polluantes).

On peut donc craindre que l’industrie se saisissant des CSR, et de l’envie des collectivités de régler la question de leurs déchets non recyclables (pour l’instant), ne ralentisse la marche vers l’écoconception et vers l’idée que le meilleur des déchets est celui que l’on ne produit pas. C’est aussi le point de vue de l’ADEME qui a accompagné les premières installations utilisant des CSR ; mais jamais l’ADEME n’a dit qu’il s’agissait d’une fin en soi.

Bien sûr mieux vaut valoriser un déchet que de l’enterrer, mais n’oublions jamais que ces déchets sont à l’origine des produits (meubles jetables, suremballages, textiles à bon marché… etc,) qui ont demandé de l’énergie à la production. Ils sont le résultat d’une certaine conception de la consommation et d’une certaine vision de la qualité de vie. Plus consommer c’est vivre mieux !

Ce que l’on retrouve en bout de chaine n’est qu’une infime partie de l’énergie de départ.

De plus l’industrie la plus demandeuse de CSR est celle du ciment.

Donc résumons : si pour l’instant les CSR ne coûtent pas cher à ceux qui les brûlent mais leur rapporte gros en énergie vendue (vapeur, électricité), rien ne prouve que cela va durer. Il faut même souhaiter le contraire. Pour le moment le modèle économique de la filière CSR n’est à l’équilibre que grâce à l’apport d’argent des collectivités.

Enfin selon les différents observateurs indépendants, la question des déchets sortant des incinérateurs de CSR est posée.

Les normes sur les rejets ne seraient pas vraiment au point.

Il existe des risques de contamination par les métaux lourds. Il reste aussi à savoir ce que l’on fait du « fatal » c’est à dire des déchets qui restent une fois la combustion faite. Ils sont enterrés quelque part mais comme on dit « pas hens lo men casau » ou si vous préférez, dans une autre langue : NIMBY Not in my BackYard.

On se souvient des problèmes graves dans certaines usines d’incinération d’ordures ménagères (comme à Pau-Lescar) avec les REFIOM ( résidus des fumées d’ordures ménagères) qui sont très toxiques.

On peut donc comprendre que des inquiétudes apparaissent chez les riverains d’autant plus que, comme d’habitude, ces projets sont présentés derrière un joli rideau vert, (Ici Pavillon vert) et en considérant que les habitants de la zone ne sont pas en capacité de comprendre et d’être correctement informés.

Question : où seront produits les CSR provenant des résidus de l’Agglo Pays Basque et de Chalosse ? Où sera cette usine ? D’où viendront les CSR brûlés chez nous ?

Le Béarn a t-il vocation à brûler tous les déchets de la zone. Des ordures de Tarbes et alentours doivent aussi venir à Lescar pour être incinérées . Doit ont vraiment faire promener des tonnes de déchets sur les routes et le rail ?

 

POUR RESUMER

Les collectivités veulent se débarrasser des restes du tri-recyclage.

La solution est la mise en décharge ( elle coûte de 80 à 100 euros la tonne et n’est pas idéale).

On donne donc la matière première à une entreprise qui fabrique le CSR (40 euros la tonne au moins pour les produire) On ajoute 10 euros de transport.

Tout cela semble donc rentable.

Mais qui touche les bénéfices ? Qui a payé le ramassage des déchets ?

Qui paiera les éventuels désagréments et les éventuelles pollutions ?

Que se passera t-il quand les CSR vont commencer à devenir plus rares (si on fait moins de déchets) ? Ils seront plus chers.

N’est ce pas une incitation à produire des déchets (abusivement appelés « combustible » comme si c’était du pétrole ou du gaz) ?

Vers qui se retourneront les industriels de la crémation des CSR lorsque le prix augmentera ? Vers les collectivités pour leur demander des compensations ou sinon …plus d’emplois ! On connaît le raisonnement.

Ne s’agit il pas là d’une bombe à retardement budgétaire ?

Ne vaut-il pas mieux investir dans l’incitation à moins remplir nos poubelles ?

L’énergie la plus écologique est celle que l’on économise, et les déchets les plus valorisables soient ceux que l’on ne produit pas.

David Grosclaude

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