La question de l’article 2 et des dégâts récurrents qu’il cause et va causer, ne peut nous laisser attendre une solution qui viendrait sans mobilisation, suivie, têtue et déterminée
Après l’indignation, les discours, et parfois les promesses et les postures radicales, vient le temps des réalités et du calendrier.
La loi Molac est pour le moment morte, en tous cas dans ses ambitions essentielles.
Paul Molac a fait un travail de qualité. On n’avait encore jamais été aussi loin. Le débat a eu lieu, et le vote majoritaire des parlementaires, sénateurs et députés est historique.
Mais le travail réalisé par le député breton pourrait, si nous n’y prenons garde, être déjà à ranger dans le tiroir des moments historiques manqués.
Le Conseil Constitutionnel a été saisi de ce texte de loi et s’est fait un plaisir de tirer avec son calibre article 2. La vision étriquée de ce qu’est la République a triomphé pour le moment. Cette République n’est pas la nôtre, elle n’est qu’une caricature alors que les valeurs républicaines sont bien autre chose que cette volonté farouche d’écraser les différences.
Le tir est imparable pour le moment. Rien ne peut pour le moment nous faire espérer un changement sans que nous intervenions de façon dynamique.
Ceux qui pensent que la Constitution doit être réformée sont de plus en plus nombreux mais la réalité du calendrier et des institutions fait que jamais avant une nouvelle législature, c’est à dire dans un an, rien ne sera possible en ce domaine.
On ne voit pas le président de la République décider d’un référendum populaire sur le sujet et on ne voit pas non plus comment pourrait être convoqué le Parlement en Congrès d’ici la présidentielle. Et celui qui sait ce que pense le président de la République, en vrai, sur le sujet serait bien inspiré de nous en informer. En cinq ans il a tout dit et son contraire.
Donc c’est l’impasse. Et il y a un risque que des recours soient intentés devant la justice administrative pour condamner l’enseignement associatif immersif.
De toute façon nous ne pouvons pas accepter ce fait absolument scandaleux qui serait que le vote d’une loi par le Parlement, qui reconnaît à nos langues de nouveaux droits, se solde par un retour en arrière qui nous oblige à protéger des droits anciens, acquis après des années de travail et de mobilisation. Ce serait paradoxal que de se retrouver sur la défensive.
Les médias, en tous cas certains des plus influents, n ‘ont pas failli à la tradition en invitant sur leurs plateaux des consultants qui ne connaissaient rien à la question mais qui n’ont pas manqué de donner leur avis.
J’en ai même entendu un dire qu’il ne savait rien de la façon dont fonctionnaient les écoles immersives mais qu’il était contre parce que …parce que c’est comme ça !
Une autre, sur une chaine publique comparait le droit à apprendre les langues régionales au droit à envoyer ses enfants au catéchisme. Nos langues sont donc une croyance pour ces gens !!!
Bien évidemment notre volonté de sauver nos langues, de les développer, de les enseigner se heurterait au projet de faire en sorte que tous les enfants puissent « bien connaître le français ». Ils ne doutent de rien ces gens. Ce sont les petits occitans, bretons, basques et autres qui sont dans les écoles bilingues et immersives qui font que la langue de la République serait mal connue par certains enfants !!!
On nous accorderait cependant dans certains milieux une petite place dans des activités extrascolaires, mais pas au delà !
Nous sommes donc juste bon à cuisiner dans un jus de préjugés absolument inacceptables et c’est ce qui risque de nous étouffer si nous attendons que les promesses nombreuses qui ont été faites, de façon préelectorale, se réalisent.
Nos langues sont respectables à la condition qu’on ne les entende pas, qu’on ne les voie pas, qu’on ne les enseigne pas et qu’on ne les transmette pas. Voilà nos droits au point où nous en sommes.
Il s’agit d’un linguicide qui se poursuit, d’un crime contre la diversité culturelle et linguistique avec la bénédiction du Conseil Constitutionnel.
Nous ne pouvons pas l’accepter !
Il faut mettre en place une stratégie qui va nous mener au delà des échéances électorales si propices aux promesses et aux discours qui nous annoncent que tout va s’arranger, qu’il suffit d’être patients. Notre ennemi a toujours été le silence. Et je ne parle pas de la condescendance dont certains font preuve en lançant des sondages sur le net comportant des questions aussi stupides que basiques. Doit-on encore répondre à ceux qui se demandent si nos langues ont le droit de vivre ?
Elles vivent, c’est un fait. Leur développement est don un droit. A nous de le défendre.
Anem ! Per las lengas, la nosta e las autas ! ÒC
« Les médias, en tous cas certains des plus influents, n ‘ont pas failli à la tradition en invitant sur leurs plateaux des consultants qui ne connaissaient rien à la question mais qui n’ont pas manqué de donner leur avis. »
J’ai entendu sur FR3 Bordeaux un présentateur des infos qui interviewait un enseignant d’école immersive, Ikastola si je me souviens bien et qui n’arrêtait pas de le couper dans les réponses à ses questions ne correspondait pas à ce qu’il voulait entendre 😠